Le 27 mars MDA lançait une procédure de sauvegarde. Entretien avec Lilian Rodriguez, président de Phoxdistri pour en connaître l’impact sur le réseau PHOX.
MDA qui a racheté GPdis a déclencher une procédure de sauvegarde. Pouvez-vous nous en donner les raisons ?
Dès le 27 Mars, le groupe MDA devant les incertitudes liées à la crise sanitaire du COVID 19 a volontairement sollicité le tribunal de commerce de Lyon pour se positionner en procédure de sauvegarde. Pour l’analyser il faut se remettre dans le contexte de fin mars, le niveau important de retard de paiement des clients du groupe, avant la vague de prêt garanti par l’état, le peu de visibilité sur une date de réouverture de nos commerces et surtout sur le niveau de cette reprise d’activité sont des facteurs clés de cette décision. C’est un acte de gestion fort et responsable qui permet au groupe de maitriser son avenir et de garder des forces, et notamment de la trésorerie pour la reprise d’activité. On s’aperçoit aujourd’hui que c’est un choix gagnant, puisque 100% des dettes fournisseurs du groupe vont être payées avant octobre, et le fonctionnement actuel est complètement normalisé.
Quelles conséquences pour GPdis et le réseau Phox ?
Les conséquences pour le groupe, c’est que nous payons 90% de nos fournisseurs avant livraison, et si début mai nous avons eu quelques retards dus à cette nouvelle procédure, aujourd’hui c’est parfaitement rodé et nos entrées en stocks sont seulement dépendantes des disponibilités des fournisseurs.
On s’aperçoit que beaucoup de produits sont en pénurie, c’est le contexte mondial. Mais comme tout le monde, quand on le regarde depuis sa fenêtre et qu’on loupe des ventes, c’est frustrant.
Cette crise a eu pour effet d’accélérer les transformations nécessaires au bon fonctionnement du groupe, la logistique est plus centralisée, ce qui permettra aux nombreux clients du groupe d’avoir un service plus efficace. Le pas du numérique est en train d’être franchi, un site mda.fr à vu le jour et après l’été le site marchand phox.fr verra enfin le jour.
Ce site que nos revendeurs attendent depuis longtemps sera bien entendu orienté « web to shop », pour amener les consommateurs à se rendre en magasin. Mais nous travaillons aussi pour qu’il devienne un lieu de rendez-vous pour tous les passionnés de photo, avec de nombreux contenus sur la pratique photographique, sur les choix de matériel, etc..
Comment s’est passé la période de confinement pour le réseau ?
Comme pour beaucoup de secteurs d’activité, les points de vente étaient dans l’incertitude et ils sont toujours prudents pour les mois à venir. Voir les grandes surfaces alimentaires ouvrir et vendre des produits autres que de première nécessité (et donc de la photo), c’est un sentiment de concurrence déloyale au gout amer.
Notre univers produits n’est pas une activité de masse, la gestion d’un ou deux clients par magasin aurait pu facilement s’organiser et permettre une certaine continuité économique.
Un mot sur le marché photo en France pendant le confinement, et le déconfinement ?
Pendant le confinement, seuls quelques acteurs du web ont maintenu un niveau d’activité quasi normal, mais les points de vente physiques ont soufferts de cette situation. On s’aperçoit aussi que les effets du déconfinement ne sont pas les mêmes pour tous. Certains ont retrouvés sur les mois de mai et juin des niveaux de chiffre d’affaires proches de 2019, mais les points de vente positionnés sur les segments entrée et milieu de gamme ne bénéficient pas du dynamisme des nouveautés comme le X-T4 de Fuji, le D6 de Nikon ou encore des opérations promotionnelles du Sony Alpha 7 Mk3 ou du Canon 5D Mk4.
Les activités de reportage photo, de prise de vue ou encore de tirage souffrent aussi évidement des annulations de nombreux évènements familiaux, sportifs, culturels ou professionnels. L’année 2020 sera de toute façon une année où les bilans de tous les acteurs de la filière photo, du fabricant jusqu’au magasin vont souffrir.
Je reste prudent pour la fin d’année. On ne mesure ni les impacts sociaux de la crise, ni les effets sanitaires à venir, mais j’ai envie d’être optimiste. L’univers photo résiste plutôt bien grâce à sa clientèle de passionnés et de professionnels. Il va falloir qu’on travaille encore plus la relation avec nos clients pour continuer à les fédérer autour de la marque PHOX.
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