Focus sur les trois gagnantes des prix des Femmes s’exposent 2021, le festival qui met en lumière les femmes photographes. Il s’agit de Jeanne Frank, Nanna Heitmann et Alexa Brunet. (Photo d’ouverture : © Alexa Brunet)
Du 1er juin au 8 août à Houlgate, en Normandie, se tient la quatrième édition du festival Les Femmes s’exposent. Cette édition met en lumière le travail de treize femmes photographes. Parmi elles, Irène Jonas, invitée d’honneur, s’intéresse à la notion de temps dans ses images retravaillées à la peinture à l’huile; Julie Glassberg tire le portrait d’inconnus; et Lynn Wu saisit grâce à un objectif macro les créatures des mers de Chine et des Philippines. Ce ne sont pas moins de treize expositions en extérieur qui participent à lutter contre les inégalités de genre dans le milieu de la photographie. Comme tous les ans, trois prix ont été remis dont les gagnantes sont Jeanne Frank, Nanna Heitmann et Alexa Brunet.
Grand Prix Les Femmes s’exposent – Fujifilm : “La vallée est morte” de Jeanne Frank
La série de Jeanne Frank présentée aux Femmes s’exposent 2021 porte sur la tragédie de la vallée de la Roya, dans les Alpes Maritimes, faisant suite à la tempête Alex. Les inondations ont provoqué une dizaine de morts et des disparitions. 560 tonnes d’eau sont tombées en seulement quelques heures. Les communes de Breil sur Roya (où l’eau est montée à plus de 2m50 dans le centre-ville) de Fontan, Saorge, Tende, sont désormais coupées du monde. Pour les rejoindre il faut longer une route de 25 km jonchée de débris. Les travaux de reconstruction seront colossaux. Ils couteront au minimum un milliard d’euros pour les trois vallées. Et comment reconstruire en tenant compte des réalités abruptes de la modification du climat ? Les maires des communes sont inquiets ; ils veulent éviter l’exode des habitants. Certains ont déjà quitté la Vallée. « La Vallée, elle est morte pour des années », dit-on dans les communes.
Prix Obs – Les Femmes s’exposent : Utrish : à propos des palais et des “sauvages” de Nanna Heitmann
Nanna Heitmann quant à elle, nous emmène dans la demi-île d’Utrich, sur la mère Noire, seul endroit en Russie à bénéficier d’un climat méditerranéen. On y retrouve des pistachiers et des genévriers uniques vieux de 500 ans. Les écologistes appellent cet endroit “le cœur des écosystèmes méditerranéens”. Le lieu est une destination de vacances privilégiée pour les nudistes et les hippies depuis les années 1960 et accueille des habitants ayant décidé de couper avec le reste du monde pour se reconnecter à la nature. Alors que l’ancien président Dimitri Medvedev songe à construire ici une immense résidence de luxe et que les enquêtes menées avec le soutien de l’opposant Alexej Navalny révèlent que Poutine y détient une résidence cachée, les utrishiens organisent la résistance. En 2009, avec les écologistes, ils se sont interposés physiquement pour arrêter la construction d’une route à travers la réserve jusqu’à la résidence prévue de Medvedev. En août 2020, alors qu’énorme incendie s’est déclaré en trois endroits du parc, ils ont formés une chaine humaine pour maitriser l’incendie, des heures avant l’arrivée des hélicoptères bombardiers d’eau.
Prix SAIF – Les Femmes s’exposent, sur le voyage immobile : “Utopic théâtre” de Alexa Brunet
Pourquoi y a-t-il autant de personnages enfermés contre leur gré dans les histoires pour enfants ? De Raiponce à la femme de Barbe bleue, en passant par Hansel et Gretel, la Belle au bois dormant ou Sherhazade. En poussant plus loin, même Robinson sur son île, Noé sur son arche et Jonas dans sa baleine, cela fait un grand nombre de confinés ! Pendant la pandémie, Alexa Brunet a monté des petits théâtres éphémères pour raconter le voyage immobile que fut le confinement. Avec ses proches, elle revient sur ces comptes appartenant à l’imaginaire collectif pour décrypter la symbolique de l’enfermement.
Source : Les Femmes s’exposent
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