Le travail de la photographe Mariette Pathy Allen est exposé au Museum of Sex de New York du 28 mars au 8 septembre : quarante ans de photographie transgenre pour rendre hommage à une lutte pour la tolérance et la reconnaissance. (Photo d’ouverture : © Mariette Pathy Allen)
De 1978 à 2006, la photographe Mariette Pathy Allen s’est entièrement dédiée à la cause transgenre et la visibilisation des communautés définies souvent de « déviantes », en épousant leur combat pour la reconnaissance démocratique à travers la photographie. Son travail consiste en une archive de milliers d’images, de vidéos, de lettres, d’interviews portant sur les questions de genre et les revendications queer. L’exposition présentée au Museum of Sex de New York, Mariette Pathy Allen : Rites of passage, 1978-2006, se focalise largement sur une époque pré-internet où les seuls espaces de documentation et de partage sur les thématiques de la sexualité et du genre étaient des rares conférences ou des lieux cachés, souvent clandestins.
Une époque où il était difficile de trouver des magazines conscients sur ces questions, des espaces sécures où pouvoir exprimer son genre. Ce sont les années immédiatement précédentes à l’explosion de la photographie numérique : à travers une vidéo on découvre donc le processus de la photographe dans sa chambre noire et on retrouve, tout au long du parcours, des notes prises à la main, témoignage d’un temps où l’archivage était à la fois plus matérialisé à la fois plus complexe à mettre en place. Un temps où le do it yourself était nécessaire à la survie de ces communautés invisibles et porteur d’une énergie presque punk, chargée de toute la force de la rebellion contre un système d’oppression et d’une extraordinaire résilience.
Les images laissent deviner un rapport de proximité entre la photographe et ses sujets : en effet, beaucoup de ces personnes sont devenus, au fil des années, des amis proches de l’artiste. Grâce à cette profonde connaissance et implication dans ce sujet, son livre Transformations: Crossdressers and Those Who Love Them (1989) est devenu un must read des études de genres, en fournissant pour la première fois une banque d’images conséquente sur la thématique des variations de genre. Les photographies ont permis également de véhiculer une image positive et bienveillante des communautés transgendre, à une époque où l’incompréhension et l’intolérance étaient la norme.
« Les photographier tels qu’ils sont, dans la lumière du jour et pendant leur routine quotidienne, dans leur relations avec leur conjoint, leurs parents et amis, tel est mon hommage à leur courage…L’anatomie, la préférence sexuelle, l’identité de genre et son expression ne sont pas toujours interconnectés comme dans un cercle infini, il faut aussi savoir les séparer de la vie quotidienne de l’individu. La plupart de nous sont nés homme ou femme, mais la masculinité et la féminité sont des expressions personnelles. Elles ne constituent pas la totalité de notre individualité » explique-t-elle, en évoquant le « rituel de passage » comme un processus de déconstruction des stéréotypes.
Pour en savoir plus sur cette photographe, d’autres livres sont disponibles sur le sujet, tous recompensés à l’international : Transformations: Crossdressers and Those Who Love Them, The Gender Frontier, TransCuba publié en 2014, Transcendents: Spirit Mediums in Burma and Thailand publié en 2017. Le travail de Pathy Allen à la Duke University’s Rare Book and Manuscripts Library, et au Sallie Bingham Center for Women’s Studies.
Source : Museum of Sex
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