Octavi Serra utilise des installations saisissantes et des clichés marquants pour contrer le status quo. (Photo d’ouverture : © Octavi Serra)
Diplômé en design du produit industriel, Octavi Serra a vite compris que son intérêt allait bien au-delà de l’univers du marketing et que son travail aurait pris un tournant plus enrichissant en fuyant les règles imposées par le capitalisme et le consumérisme. C’est avec des camarades qu’il commence alors à investir les rues avec des œuvres incluant des matériaux divers (des pneus, des stickers, des objets recyclés) pour créer des installations percutantes, critique perspicace de la pollution planétaire, de l’addiction au travail, de la société de surveillance ou encore des grandes marques exploitant des populations fragiles.
Des messages engagées exhortant à un changement social de grande envergure, rendus poétiques et drôles grâce à la touche décalée de l’artiste et photographe. Metal Magazine l’a défini de « poète visuel » tant ses œuvres sont subtiles et efficaces. Toutes, questionnent le status quo et reflètent l’inquiétude de la jeunesse espagnole face à un avenir incertain, dont les classes dirigeantes ne donnent aucune image rassurante.
Pour lui, l’art est une possibilité de communication. Il l’utilise alors comme un manifeste, en se servant de ses photographies pour envahir les Internets de messages forts. Comme ce fut le cas d’artistes tels que Bansky ou Invader, Serra exploite l’image pour, en quelques secondes, bouleverser l’espace public et surtout virtuel. Le travail du jeune artiste et photographe n’est pas un cercle fermé, un livre de réponses. Il s’agit plutôt d’une manière de soulever des questions, à l’instar d’un essai philosophique.
Ce qui le fascine dans le street art est sa spontanéité : nul besoin d’organiser des vernissages, d’inaugurer ces oeuvres de manière pompeuse. Seulement l’envie immédiate de dire, d’exprimer et la possibilité de rendre durables ces compositions par la photographie. Autrement, ce serait totalement éphémère. L’effet surprise est la partie la plus importante du travail : en marchant dans la rue, on peut tomber face à des indications « vie » ou « mort » et rester paralysés quelques secondes. Sur le web l’effet est tout aussi saisissant : la viralité de ces images est garanties, dans une époque où la photo devient une arme contestataire, y compris et surtout quand elle épouse la « basse qualité » pour contrer la platitude visuelle de l’époque contemporaine.
Source : Octavi Serra
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