Des évêques blafards et des montagnardes à la mode du 19e siècle, le tout dans des paysages suisses d’aujourd’hui? C’est en ce moment à la School Gallery (Paris IIIe) – où cette série de Nicolas Dhervilliers est exposée jusqu’au 17 décembre.
A première vue, on ne décèle rien de particulier dans ces toiles photographiques, si ce n’est peut être un onirisme, un mystère très sombre – et des compositions qui font se côtoyer personnages en clair-obscur avec des grues et des barres HLM (de quoi mettre à mal les images d’Epinal qui collent à la Suisse). Et pourtant, à bien y regarder, le cadrage attire l’attention : «l’espace n’est pas cohérent, il y a d’étranges disjonctions entre le ciel et la terre, comme un renversement, un décalage».
Et pour cause : les personnages qui peuplent ces photos viennent du passé – des archives municipales, plus précisément – pour hanter des paysages dont ils semblent découvrir la modernité. D’abord colorisés, puis copiés-collés, ils intègrent les compositions de Dhervilliers qui mêlent « lumière artificielle, naturelle, montage, superposition de plans, de calques et autres simulacres ». Ainsi sauvés de l’oubli, les morts viennent rejouer des scènes de vie quotidienne…
« My sentimental archive » n’est pas sans évoquer la peinture (que l’on songe à Bruegel…) mais aussi le cinéma – par exemple, les effets de clair-obscur sont obtenus grâce à des filtres qui permettent de passer du jour à la nuit. L’entrelacement entre photo artistique et photo documentaire pose aussi cette question : les images d’aujourd’hui ne sont-elles pas les archives de demain?
+ School Gallery, 81, rue du Temple, Paris IIIe. Du mardi au samedi, jusqu’au 17 décembre.
4 commentaires
Ajouter le vôtreIntéressant ce jeu de lumière avec les personnes ajoutées et le décor.
Clairement inquiétant, mais vraiment beau.
Juste magnifique.
Ça me fait penser au magritte qui est dans mon salon : L’Empire des lumières