Le préprogramme du 34ème festival Visa pour l’image à Perpignan est désormais disponible. Alors que les actualités tragiques continuent de mettre à l’épreuve nos sociétés, les photoreporters nous rappellent à quel point leur travail est crucial pour les démocraties. (Photo d’ouverture : © Valerio Bispuri)
Cette année encore, le photojournalisme est à l’honneur et les actualités tragiques nous rappellent le rôle fondamental des reporters dans la dénonciation de la guerre, des crimes contre l’humanité, dans la défense des droits à une information libre et exigeante. Visa pour l’image, dans sa 34e édition, veut apporter sa reconnaissance à cette profession clé pour que vivent les démocraties.
Cette année, le festival, qui se tiendra du samedi 27 août au dimanche 11 septembre inclus, compte 25 expositions dont une sur le site du festival disponible jusqu’au 20 septembre.
Parmi nos coups de cœur, figurent certaines séries comme Dans les chambres de l’esprit, de Valerio Bispuri ; Hafizas, de Sabiha Çimen, Lauréate de la Bourse Canon de la Femme Photojournaliste 2020, avec ; et La Sixième Extinction de Alain Ernoult.
Dans les chambres de l’esprit – Valerio Bispuri
Valerio Bispuri raconte ce qu’est la maladie mentale aujourd’hui. Dans les chambres de l’esprit est le quatrième chapitre sur la liberté perdue, après Encerrados, Paco et Prigionieri, poursuivant ainsi sa longue recherche et son étude approfondie sur le monde des personnes invisibles. A travers leurs gestes et leurs regards, le photographe retrace la réalité des personnes considérées comme « folles », en tentant de nous plonger dans ce monde « normal » si violent et validiste pour elles. Le travail de Valerio se concentre particulièrement sur l’Afrique, un continent où les pathologies mentales sont reconnues depuis peu de temps, et il est difficile de savoir combien de personnes en souffrent et où elles vivent. Elles errent souvent dans les rues des mégapoles ou restent cachées dans un village retiré. Les troubles mentaux sont encore souvent perçus comme un mal non humain, surnaturel, parfois dangereux. C’est le cas dans les pays du nord-ouest de l’Afrique (Bénin, Togo, Côte d’Ivoire), où les sorciers vaudous des villages attachent les malades mentaux aux arbres car ils considèrent que ce sont des démons. Avec sa série, le photographe suit le travail de Grégoire Ahongbonon qui depuis vingt ans tente de leur rendre leur dignité dans les centres d’accueil qu’il a fondés.
Hafizas – Sabiha Çimen
La série Hafizas de Sabiha Çimen raconte le parcours des filles turques destinées à apprendre le Coran par cœur, à l’image des garçons, les hafiz. Il existe des milliers d’écoles de mémorisation du Coran en Turquie, dont de nombreuses réservées aux filles âgées de 8 à 19 ans. Elles y consacrent trois ou quatre années de concentration, de discipline, de dévotion. Une fois ces études accomplies, la plupart des jeunes f illes se marieront et fonderont une famille, mais elles garderont toujours en mémoire chaque parole du saint livre. Les hafiz et les hafizas, en connaissant le Coran sur le bout des doigts, s’assurent l’entrée à un rang élevé au paradis.
La Sixième Extinction – Alain Ernoult
Alain Ernoult est le troisième photographe que nous avons choisi de vous présenter pour ce 34ème Visa pour l’image. Sa série La Sixième Extinction revient sur celle qu’il définit de véritable « apocalypse environnementale ». Depuis 1970, les populations de vertébrés ont diminué de plus de 60 %, et depuis 1980, quelque 600 millions d’oiseaux ont disparu en Europe. Alors qu’une grande partie de la biodiversité est déjà perdue, le photographe veut nous sensibiliser : « Mon travail sur ce qu’on appelle la « sixième extinction » vise à éveiller les consciences sur la vulnérabilité des espèces de notre monde au travers d’un concept photographique centré sur la transmission de l’émotion. Être au plus près de l’animal me permet de capter l’instant magique qui fera la force des images. »
Mstyslav Chernov et Evgeniy Maloletka seront également exposés, les deux présentant leur travail sur la guerre en Ukraine, conflit qui a déjà coûté la vie à plusieurs photographes de guerres et journalistes.
Comme le souligne le directeur du festival, les reporters de guerre ne cessent de se distinguer « Par leur courage physique, par leur soif de vérité et la recherche permanente des faits et des preuves, les photojournalistes méritent notre reconnaissance. Ces soldats de la paix méritent aussi notre soutien actif, tant l’exercice de leur profession est de plus en plus difficile et précaire. »
Source : Visa pour l’image
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