Lost and Found est le nouveau livre photographique de Bruce Gilden, recueil de photographies des années 1970 à New York redécouvertes l’année dernière par hasard. Disponible aux Editions Xavier Barral. (Photo d’ouverture : © Bruce Gilden)
Le New York de Bruce Gilden est une ville à bout de souffle, une métropole en crise économique en pleine ère Ford. Le gouvernement est en difficulté, il repète qu’il n’y aura pas d’argent, que l’Amérique se doit d’être débrouillarde. Dans ce contexte délicat, Gilden photographie les rues et leurs habitants en s’arrêtant sur des détails qui montrent la détresse sociale de ce moment historique. « Dans l’un des clichés on aperçoit cette femme qui hurle au téléphone au beau milieu de la 57ème avenue. Qu’est-ce que cela nous dit de ce qu’il se passe dans la ville ? »
C’est ce New York-là que Gilden raconte, loin des paillettes et de la movida que l’on peut imaginer. Né ici en 1946, ancien chauffeur de taxi, il connaît sa ville comme personne. Il est en contact étroit avec les gens et son coeur bat au même rythme que celui de la métropole. A la croisé entre Diane Arbus et Robert Frank, ces photographies sont un document précieux, une analyse sociale acérée, parfois ironique, parfois poétique. Un corpus de 600 pellicules que l’artiste a retrouvé dans son loft alors qu’il déménageait de Manhattan. Un trésor qui est enfin ramené à la lumière par la publication de Lost and Found.
Le livre nous dévoile un Gilden qui se cherche, un « Gilden avant Gilden » qui prenait Robert Capa au pied de la lettre : « quand vous pensez que votre photo n’est pas assez bonne, c’est que vous n’êtes pas assez près ». Dans cette série, on perçoit sa technique fétiche déjà à l’oeuvre : un rapprochement progressif de l’objectif vers deux étrangers, un flash surexposé, et puis à nouveau, se cacher dans la foule de la rue. « Quand on regarde de loin, on ne regarde pas dedans » dit-il, en expliquant que le secret du photographe de rue est de comprendre le rythme de la vie autour sans l’interrompre, en s’y insérant avec élégance.
Tout comme face aux photographies de Paris par Brassaï dans les années 1930, on a ici la sensation que même si ce New York n’est plus, la rencontre rapprochée avec ces sublimes inconnus peut encore faire vibrer son identité et son essence véritable.
Source : Editions Xavier Barral
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