Avec sa série et livre Witches in Exile, Ann-Christine Woehrl sensibilise au sort des femmes ghanéennes victimes de chasses aux sorcières ancestrales terrifiantes. Ces portraits sont ceux de courageuses « sorcières » échappées à la mort de justesse. (Photo d’ouverture : © Ann-Christine Woehrl)
La chasse aux sorcières est encore aujourd’hui un problème dans de nombreuses régions du monde. Ann-Christine Woehrl dresse le portrait de femmes qui ont subi ce sort dans le nord du Ghana. La photographe relate les histoires de femmes qui, stigmatisées comme sorcières, ont échappé de justesse à la mort. Aujourd’hui encore, des femmes du monde entier sont victimes de violences fondées sur la croyance en la sorcellerie. C’est notamment le cas de celles dont Woehrl a tiré le portrait dans cette série, originaires du nord du Ghana, de Gambaga et de Gushiegu.
En Afrique, la croyance en la sorcellerie est très répandue et profondément enracinée. On la retrouve partout, dans tous les groupes religieux et ethniques. Cette réalité ne concerne pas seulement les personnes sans instruction, les plus démunis et les habitants des zones rurales, mais aussi les classes privilégiées, les politiciens et les personnes ayant accès à l’instruction. Selon une enquête, plus de la moitié de la population de l’Afrique subsaharienne croit en l’existence des sorcières, et dans certains pays, ce chiffre atteint presque cent pour cent. Il suffit de peu de choses pour que quelqu’un soit accusé d’utiliser la sorcellerie.
Il s’agit principalement de femmes et d’enfants, de personnes qui ne sont plus « utiles » à la société, de personnes âgées, de personnes avec des soucis de santé physique et de souffrant de pathologies mentales. Les conséquences de la croyance aux sorcières sont terribles : au Ghana, les personnes accusées de posséder des pouvoirs maléfiques trouvent refuge dans des camps de sorcières. Six d’entre eux sont répartis dans le nord du pays. Ils hébergent près de 1500 femmes et quelques enfants.
Ces femmes font face au même destin : l’expulsion de leur village, de leur maison et de leur famille après avoir été accusées de sorcellerie. A travers des portraits simples, sans filtres, sans aucune interposition entre qui regarde et le sujet de la photo, redonnent aux femmes leur dignité, en nous racontant aussi tout leur courage et la force de leur récit silencieux. Des portraits sur fond noir, neutre, un environnement qui restitue à chacune la possibilité de dévoiler sa vraie identité dans l’espace sécure de la photographie.
Cinq pour cent des recettes du livre seront utilisées pour soutenir le projet d’aide ghanéen « Witch hunt Victims Empowerment Project », qui crée et sensibilise à ces lieux de refuge.
Witches in Exile :
Édité par Anja Pinter-Rawe
Textes de Anja Pinter-Rawe, Maakor Quarmyne
Entretien entre Rania Odaymat et Ann-Christine Woehrl,
modérée par Brigitte Woischnik
Conçu par von Detlev Pusch, Berlin
Couverture rigide, 24 x 32
104 pages
70 illustrations en couleur.
anglais, allemand
ISBN 978-3-96900-053-3
45,00 euros
Source : Ann-Christine Woehrl
0 commentaire
Ajouter le vôtre