L’été 2020 a vu le tourisme britannique se concentrer sur les plages locales, désertées depuis les années 1970-1980. Grâce aux « staycation » dues au Covid-19, ces stations balnéaires se trouvent à nouveau sur le devant de la scène. Alex Micu a documenté ce phénomène. Pour suivre le photographe, c’est par ici. (Photo d’ouverture : © Alex Micu)
Qu’il pleuve ou qu’il vente, les Britanniques ont toujours eu un penchant pour leurs villes côtières, un écosystème à part qui ne ressemble à aucun autre esprit marin ailleurs. Entre mauvais temps et vie de plage, les villes côtières britanniques possèdent un aura légèrement surréaliste. Mais au cours du dernier demi-siècle, le nombre de visiteurs a diminué, car des vols bon marché ont permis à des milliers de personnes de profiter du beau temps ailleurs. L’été de la « staycation » (la vacance « à la maison » recommandé pendant la pandémie de Covid-19) a changé la donne. Alex Micu s’est penché sur le phénomène.
En visitant deux villes côtières du Kentish tout au long du mois d’août, il voulait montrer les vacances des touristes et des locaux qui profitent de la mer et du sable de ces stations balnéaires désertées depuis les années 1970-1980, lorsque les congés payés furent institutionnalisés.
« Comme vous le savez probablement, les villes côtières du Royaume-Uni constituent un écosystème à part entière : elles ont été laissées à l’abandon et au désordre après la démocratisation des vacances dans les années 1970 et 1980 et ne se sont jamais vraiment remises de cette situation », explique le photographe. « Ce sont des ruines qui ont aussi un sens de la britannicité qu’on ne voit nulle part ailleurs. Les gens tirent le meilleur parti du temps changeant, des plages de galets et du fish & chips ».
Les photos de Micu ne sont pas sans rappeler celles de Martin Parr, qui a si bien immortalisé l’ironie des britanniques à la plage et leur étrange rapport avec la vie maritime. Ses photos sont empreintes d’un sens de nostalgie et d’une vague tristesse, mais aussi d’un humour piquant que les photographes anglais maîtrisent à la perfection.
En utilisant un film Nikon FM2 et Kodak, le photographe a su saisir les détails évoquant le passé glorieux de la Grande-Bretagne en bord de mer – les cafés, les jetées, les camionnettes de glace, les théâtres et les promenades. Ce sont des lieux familiers et réconfortants qui ont peut-être connu des jours meilleurs mais qui revivent une étrange renaissance en 2020. Ses images montrent également l’hédonisme des britanniques, toujours modéré mais bien présent. Des châteaux de sable, de la nourriture et quelques bonnes pintes de bière, des rencontres, des familles réunies…les Britanniques continuent à vivre, même face à une pandémie mondiale. Le temps nous dira si les « staycation » deviendront plus fréquentes à l’avenir et si ces villes côtières finiront par revivre un vrai temps de gloire.
Source : Creative Boom
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