Les problèmes de droit d’auteur ont la vie dure. S’ils touchent de plein fouet les photographes professionnels, ils n’oublient pas au passage les photographes “amateurs” et leurs photos postées sur les réseaux sociaux. La dernière victime en date : la blogueuse The Celinette et sa photo de la manifestation de dimanche dernier pour le mariage pour tous. Relayée par les stars et les médias, ôtant tout crédit à son auteure dans la foulée. Moyen classe.
Crédit : Céline Camoun (The Celinette)
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Dimanche 27 janvier, juchée sur le balcon de l’Institut du Monde Arabe, Céline Camoun (@thecelinette) prend spontanément cette photo du cortège pour le mariage pour tous traversant le pont de Sully. Un belle photo qui marque les esprits, à la fois par cet impressionnant élan de solidarité et par le choix de la prise de vue, émouvant et impeccable. Capturée sur Instagram, partagée sur Facebook et Twitter, la photo ne tarde pas se répandre comme une traînée de poudre sur les timelines de ces deux réseaux sociaux, à grands renforts de like, partages et retweets dans tous les sens.
Retenez bien qu’un retweet peut se faire de deux manières : en copiant le tweet tel quel dans sa timeline ou en y apportant une modification, bien souvent un commentaire ajouté en début de post comme le veut la tradition. Malaise lorsque la troisième option se produit : le tweet de Clotilde Coureau apparaît dans sa timeline sans aucune mention faite à The Celinette, l’auteure de la photo. Le pseudo tout bonnement passé à la trappe, la photo hébergée sous le nom de l’actrice comme s’il s’agissait de la sienne.
Une belle foule pour l égalité #mariagepourtous twitter.com/courauclotilde…
— Courau Clotilde (@courauclotilde) 27 janvier 2013
Joli succès pour votre (téléchargement de) photo, Clotilde !
76 retweets et 22 favoris pour la photo de Céline, 863 retweets et 155 favoris pour le repost de Clotilde : vous comprendrez que le geste peut agacer son auteure. Et cette seconde vague de “retweeteurs”, complices de ce détournement (malgré eux), ne va pas arranger les choses. Plus tard, en soirée, une amie de Céline lui fait remarquer une photo étrangement similaire chez Morandini, la fameuse photo reprise par Clotilde Coureau un peu plus tôt. Rue 89, par le biais de son article récapitulatif de la manifestation, et l’association Stop Homophobie, tombent également dans le panneau. Voilà comment, d’un geste, un photographe se retrouve totalement dépossédé de son travail. Ou un utilisateur lambda de sa jolie idée, le principe reste identique dans les deux cas de figure.
Pas rancunière pour autant, Céline entreprend de contacter les rédactions et personnalités touchées, dans l’idée de rétablir la vérité derrière ce cliché. Depuis dimanche, tout semble finalement rentrer dans l’ordre : les crédits sont corrigés, et Clotilde (sans avouer sa faute) retweete l’article de Céline. Mais tout de même, quel dommage de voir que la photo reste à ce point un élément aussi volatile dans l’esprit des internautes. Par sa facilité d’accès et de partage, elle devient un objet que l’on s’accapare par pur réflexe, d’un simple clic/regard. Alors qu’un brin de respect (et de vérification) suffirait pourtant pour mettre tout le monde d’accord…
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+ Céline Camoun : blog, Facebook, Twitter
+ Sa photo sur Instagram
+ Sur Lense : le problème de la photo de concert non rémunérée
+ via
17 commentaires
Ajouter le vôtreDommage pour l’auteur de la photo
Je crois rêver. Sous prétexte que la photo a été publiée sur un réseau social on ne devrait pas en revendiquer la paternité en cas d’utilisation par des médias?
L’auteure reste l’auteure, peu importe qu’elle la poste sur facebook, twitter ou sur le mur de sa cuisine, ca ne la dépossède pas de ses droits!
La seule remarque pertinente est le fait quen la postant sur un réseau social, les droits appartiendraient au réseau social (et encore).
Il faut dissocier l’utilisation personnelle et professionelle d’une image.
[…] suis tombé sur ce site via le twitter de Lionel Maurel qui pointait vers une discussion sur la difficulté pour les photographes de se faire attribuer la paternité d’….J’ai pu trouver d’autres articles intelligents et […]
Je comprends pas bien ce besoin de revendication d’un crédit dans ce cas précis.
C’est une photo qui à une valeur informative mais avant tout c’est une photo « militante » (ceux qui ont défilé le 13/01 n’ont dû bcp la diffuser, enfin j’imagine). Perso, si je poste une telle photo le but c’est de la diffuser la plus possible, peu importe que mon nom y soit associé. C’est la cause défendue le plus important, non?
De façon plus générale, pourquoi toujours ce petit besoin de reconnaissance? ça me semble mesquin (je parle toujours pour ce cas précis).
Bref, vous donnez la possibilité technique au quidam de diffuser une photo, et vous vous étonnez ensuite que spontanément ces personnes n’ont pas pensé à mettre un crédit… Bon, pourquoi pas…
Si après, y’a des p’tits filous qui s’autocréditent sur cette photo, alors là ce serait un tout autre problème.
Vive le droit de la propriété intellectuelle! Mais là ça frôle le ridicule…
retweetée* et exagéré* donc (damn it)
🙂
he bah. bravo les commentaires…
Je pense que premièrement, Céline ne s’attendait pas à ce que sa photo soit autant retweeté (donc parler de copyright ou autre watermark me paraît exagérer surtout que l’on est sur instagram), et deuxièmement, chaque photo mérite son credit, juste par respect tout simplement.
On se souvient tous de ces images de Sandy postées sur instagram dont les media ont demandé l’autorisation à leurs auteurs.
Ca devrait fonctionner ici de la même façon. Réutiliser : okay. Mais en respectant son auteur en le créditant.
Il existe une appli du nom de Marksta (payante) qui permet de mettre un copyright sur ses photos…
😉
CLOTILDE, NON.
Assez d’accord avec ces réactions : je trouve ca un peu gonflé de faire tout un flan du manque de crédit donné à l’auteur alors que celle-ci balance tout en vrac sur des réseaux sociaux.
La question soulevée par Kagou est intéressante : poster un truc sur Instagram, pour moi c’est quasiment un jugement de valeur, rien que parce que la plateforme est douteuse en soi dans sa gestion des droits, et ensuite parce que c’est un réseau de distribution totalement amateur… S’accaparer du contenu en un simple clic, c’est précisément le but du RT, oublier l’auteur original c’est au pire un manquement à l’étiquette.
Donc dire qu’elle est « dépossédée de son travail », quand elle se fait chourer un post, ca me parait un poil exagéré.
En droit français, nul besoin de « copyrighter » une photo. Le droit d’auteur est acquis dès la création de l’oeuvre, encore faut-il apporter la preuve qu’on en est à l’origine. Mais alors que l’on partage tout de façon automatique et inné sur les réseaux sociaux, si l’on souhaite conserver la paternité (ou maternité ?) de sa photo, le conseil de Kagou me paraît bien sage. Je pense que ce qui a agacé la blogueuse c’est plus le fait que l’on ne crédite pas la photo de la bonne personne que le partage de celle-ci.
[…] Lire l’intégralité de cet article sur lense.fr […]
Oui, c’est un peu ridicule de poster une photo sur Twitter, outil fondé sur le partagé d’éléments multimédia, et de pleurer après…
Il faut « tatouer » son image lorsqu’on veut en revendiquer l’appartenance, c’est vraiment un minimum…
De toute façon la photo ne lui appartient pas, elle appartient à Instagram. C’est instagram qui a été pillé.
Idem.
Et grâce à l’outil Google Image, on peut savoir si une photo circule et surtout où.
Depuis 6 mois, je copyright mes images de manière difficilement sommable, et je n’ai plus aucun soucis de pillage d’images… Auto-dégrader ses propres images fait un peu mal au coeur, mais si on veut prouver quoi que ce soit, soit on diffuse pas, soit on tatoue ce qu’on diffuse…
je me suis déjà fait « voler » une photo d’une oeuvre d’une expo par libération ,
Depuis je copyright tout …
D’où les 2 pensées suivantes :
1/ si tu ne veux pas partager, ou bien garder des droits, ne met pas sur le net ! Qui plus est sur des réseaux sociaux !!
2/ si tu veux garder des droits, il faut au minimum mettre un petit copyright sur la photo, une adresse/un nom
La notion de droit d’auteur ne mérite plus de s’appliquer si une photo est balancée comme ça sur le net, sans aucune protection. On peut légitimement se demander si elle possède une quelconque valeur, bref si son auteur veut garder du crédit il faut la marquer.
Dommage pour l’auteure de la photo. Mais je trouve ça drôle vu l’actualité récente d’instagram…