Harley Weir jongle entre photographie de mode et reportage et donne vie à des clichés tendres et intimistes. Dans la série Home, elle se penche sur le thème épineux du démantèlement de la jungle de Calais. (Photo d’ouverture : © Harley Weir)
Harley Weir est une ancienne élève de Central Saint Martins, repérée sur le web dès sa sortie des études, grâce à son approche audacieuse de la photographie de mode, impertinente et juste.
Pour une photo de mode engagée
« Je n’ai qu’un but : susciter une émotion. Que ce soit du dégoût ou un souvenir d’amour importe peu », confiait Harley Weir à Bullett, en 2012. Aujourd’hui cette jeune photographe de mode bouscule l’industrie et a connu un succès remarquable grâce à des clichés bousculant codes et idées reçues.
Au cœur de sa quête, l’engagement politique et la conscience que la mode ne peut ignorer le monde dans laquelle elle évolue. C’est ainsi que cette reporter de guerre a su mener l’image de mode vers une approche plus brute, plus proche de la vérité des choses.
Home, au cœur de la jungle de Calais
Sans peur et avec une intelligence fine, elle mélange reportage et photographie artistique en apportant à ce genre une profondeur rare. Engagement politique, humanité, conscience sociale, autant de notions qu’il est difficile de retrouver entre les pages chiadées des magazines fashion. C’est alors avec grâce et vigueur que cette artiste introduit des thèmes aussi forts que l’immigration dans des reportages intimistes et frappants.
Dans la série Home, elle documente le démantèlement de la jungle de Calais. C’est avec une approche crue et presque chirurgicale que la photographe décortique les sensations vécues, les paysages désolants où l’homme a disparu au profit de matériaux plastiques, vieux refuges décadents et bouts de tissus opaques.
La tendresse au milieu de l’enfer
Des nuages noirs épais s’élèvent au loin, derrière une végétation hostile. Le campement brûle, alors que cette humanité oubliée est forcée de migrer encore et quitter l’enfer de la jungle.
Pourtant, l’image demeure poétique, tendre par moments, mélancolique, comme si la reporter souhaitait trouver ce que de beau peut y avoir dans un paysage aussi inquiétant.
Passionnée de sociologie, elle cite Roland Barthes et Pierre Bourdieu tout en alimentant un compte Instagram à 265k abonnés.
Tout comme une Bettina Rheims 2.0, Harley Weir redonne à la photographie de mode ses lettres de noblesse en la transformant en un véritable moyen de contestation, de sensibilisation et d’expérimentation sans barrières.
Source : Harley Weir
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