Le photographe américain, né en 1948, a passé sa vie à témoigner de la guerre, la famine, la destruction, la souffrance, la mort. Couronné par de nombreux prix et récompenses, largement reconnu comme l’héritier de Robert Capa, salué pour son courage et son engagement, sa compassion, il est aussi parfois critiqué pour la beauté vertigineuse de ses clichés. Mais prenez la peinture classique : les plus grands peintres, les chefs d’oeuvre des musées, sont des scènes de guerre, des luttes et des blessures.
En ce sens, James Nachtwey aura cherché à témoigner de notre Histoire et aura réussi à en laisser une trace édifiante de beauté et de drame. La mémoire de l’enfer terrestre.
« J’ai été un témoin. Un témoin de ces gens à qui l’on a tout pris – leurs maisons, leurs familles, leurs bras et leurs jambes, et jusqu’au discernement. Et pourtant, une chose ne leur avait été soustraite, la dignité, cet élément irréductible de l’être humain. Ces images en sont mon témoignage. »
Dix-sept sections différentes constituent le parcours de l’exposition, elles offrent un vaste panorama des reportages les plus significatifs de James Nachtwey : le Salvador, les Territoires palestiniens, l’Indonésie, le Japon, la Roumanie, la Somalie, le Soudan, le Rwanda, l’Irak, l’Afghanistan, le Népal, et son pays, les États-Unis, avec entre autres un témoignage singulier des attentats du 11 septembre, ainsi que de nombreux autres pays. L’exposition s’achève sur un reportage traitant de l’immigration en Europe, aujourd’hui plus que jamais d’actualité.
Cette exposition de près de deux cent photographies en grands formats, réalisée en étroite collaboration entre James Nachtwey et Roberto Koch est une réflexion sur la guerre et ses conséquences. Loin du cadre de la presse, dans un musée institutionnel, cette rétrospective est tout autant celle du photographe que celle de notre monde. Comme les tableaux classiques de musées, ces photographies témoignent avec une exigence esthétique et une compassion infinie, de notre récente histoire. Et la mémoire de James Nachtwey – cette Memoria – doit devenir la nôtre. Pour savoir, comprendre, raconter, et agir, ne pas recommencer, changer et reconstruire.
Le photographe y croit, la photographie peut changer le monde. En connaissant les faits, on peut agir, réparer et prévenir. C’est un devoir de mémoire et un manifeste pour les droits civiques. C’est une lutte menée pour la connaissance et pour rendre aussi mémoire à cette vie qui est anéantie, détruite tous les jours à nos côtés.
Maison Européenne de la Photographie
5/7 rue de Fourcy, 75004 Paris
Ouvert du mercredi au dimanche de 11h à 20h
Source : MEP
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