Vue authentique ou fantasmée, de tous temps la photo a été sujette à la retouche. Mais après quelques récents scandales et l’aspiration de dépeindre l’authenticité, Reuters vient d’interdire l’utilisation du RAW et donc de ses fichiers transformés pour les photographes indépendants.
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L’annonce est claire : désormais, libre aux photographes de shooter simultanément en RAW et en JPEG. Cependant, l’agence Reuters n’acceptera plus que les fichiers directement faits en JPEG et provenant de l’appareil. Une annonce qui résonne particulièrement avec les récentes polémiques qui ont touché le World Press Photo 2015 ainsi que Visa pour l’image de Perpignan. Dans le premier cas, Giovanni Troilo, lauréat du premier prix dans la catégorie des questions contemporaines avec sa série sur la ville de Charleroi avait été disqualifié. Ses photos avaient été jugées être des mises en scènes et certaines légendes s’avéraient farfelues. A tel point qu’une photo de sa série sur Charleroi s’est révélée avoir été prise à Bruxelles.
En ce qui s’agit de Visa pour l’image, une enquête avait montré qu’une des photos présentées avait connu un grand lot de modifications sous Photoshop. Voici la photo en question, avant et après modifications.
Dans un souci de préserver la véracité et l’authenticité, Reuters impose donc désormais aux photojournalistes de fournir le fichier (presque) brut. L’équipe de PetaPixel qui a contacté Reuters informe que cette démarche découle d’un souci d’éthique mais aussi de rapidité. En supprimant la post-production et en utilisant le JPEG, un fichier plus léger, Reuters compte bien réduire le temps qui sépare la prise de la photo et la réception par le client.
Le format RAW permet de nombreux ajustements, comme par exemple la correction de l’exposition ou la modification des zones d’ombres. D’un autre côté, le photojournalisme est censé se rapprocher au plus de la réalité. Voici de quoi poser quelques dilemmes dans le monde de l’image…
Photo : PetaPixel
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+ via PetaPixel
6 commentaires
Ajouter le vôtretotalement stupide, ils devraient plutôt interdire les photos retouchées via photoshop et seulement autoriser lightroom. Les exemples montrent clairement que ce n’est pas le RAW qui est en cause mais bien la manipulation des pixels. Parce que la réalité est un concept totalement subjectif en photo.
Voyons Lense, ils font allégance au choix de développement de Nikon et Canon comme source de vérité ????
C’est IDIOT et contre productif. L’oeil voit 21 nuances, un appareil 14, donc du coup, la vérité c’est les 14 de l’appareil ?????????????? N’IMPOOOORTE QUOI !
Le journaliste sur le terrain va changer sa balance des blancs pour avoir la couleur exacte que ses yeux perçoivent par rapport à son écran ? S’il est daltonien ? Si son écran n’est pas calibré ? On va devoir se taper des photos sous exposées ou surexposées pour un pseudo concept de jpegerie alors que tous les choix effectués par l’appareil sont décidés par les ingénieurs des firmes ?????
Il suffirait de dire qu’ils ne bossent plus avec des journalistes qui suppriment ou ajoutent des pixels, et la polémique serait réglée. Est-il plus difficile de parler de DEONTOLOGIE, plutôt que de TECHNIQUE ?
Patrick, je partage tout à fait votre point de vue. Et je précise que je suis pas photojournaliste. Je suis donc plus habitué à retoucher, pour embellir et biaiser l’original pour donner au client ce qu’il VEUT voir. Ce qui est incompatible avec le photojournalisme, qui se doit (me semble-t-il, hein) de montrer l’image au plus proche de la réalité. Mais techniquement, on peut tout autant modifier un RAW qu’un Jpeg (certes avec moins de latitude), d’où mon scepticisme quant à cette mesure. Je pense qu’un bon photojournaliste doit être honnête et que la retouche ne doit pas avoir sa place dans ce métier.
Donc je comprends qu’ils exigent du Jpeg pour la rapidité de transmission des données, moins sur le principe de l’authenticité d’un cliché. J’ai donc un grand respect, voire une admiration pour les photojournalistes. Si.
Merci pour ce bref échange.
Je partage l’avis de 4sStylZ. Vous n’avez semble-t-il pas bien compris l’article de PetaPixel qui insiste sur deux points : ne pas interpréter artistiquement les photos prises, rendre plus rapide la transmission des images.
Bonjour,
Je partage l’inquiétude de l’agence Reuters au regard de la crédibilité vis à vis de ses clients et des « retouches » faites souvent au détriment du document. Nous parlons de document de photojournalistes. Donc JPEG. Losque nous travaiillons en couleur diapositive le moindre écard de diaphragme était sanctionné. D’où le « brakettage » (surex/sousex) A la prise de vue, un journaliste chevronné perçoit immédiatement la lumière et se positionne en fonction sauf dans des conditions empiriques. Si cela peut donne un peu plus de rigueur et de vérité, le JPEG répond à l’inquiétude. Pour ma part, je ne travaille qu’en JPEG. J’ajoute simplement un peu de contraste si je rencontre un « souci ». Le RAW me semble adapté pour la photographie artistique, de beauté, de mode, de publicité. Un jour naliste ne fait pas de l’ART, il fait de l’information. Et si parfois, un « icône » surgit, l’auteur est touché par la grâce et bien souvent récompensé lors de festivals ou autres prix qui encourage et rassure 🙂 J’ai toujours cette réflexion dans mon travail et cela se traduit par beaucoup de rigueur, voire de doute, parfois.Je pratique la phto directe… »one shot » Cordialement. http://www.lescarnetsdusud.com
Oui, Il y a quand même une différence monumentale entre :
– faire des corrections depuis un RAW ( brut de capteur donc ), l’équivalent d’un développement d’un négatif,
– faire de la retouche (cacher un détail peu esthétique sans perturber la lecture)
– le montage photo, qui est ( qui devrait être ) un acte artistique pour transcender l’image originale.
D’autant que le fichier JPEG sorti de l’appareil est un Fichier RAW, retouché incognito par le logiciel de l’appareil, puis réenregistré en Jpeg ni vu ni connu sur la carte, sans aucune intervention du photographe. Soit On nage en pleine hypocrisie ou effectivement, le sujet est mal interprété
/ compris.
Euh vous n’avez pas du comprendre ce dont il est question parce que cela ne veut rien dire. C’est le raw qui est le fichier brut de capteur. Il s’agit du négatif numérique sans le processus chimique qui donne après une photo.
Ce n’est sûrement que dans une idée de ne pas avoir a faire la post prod.
Bref complètement a coté de la plaque