Depuis 2010, les Zooms 2018 mettent en avant des photographes émergents lors du Salon de la Photo. Deux prix sont attribués, l’un par le public et l’autre par la presse spécialisée. (Photo d’ouverture : La nuit tombe sur Gaza – © Chloé Sharrock / Le Pictorium)
Afin d’encourager et de mettre en valeur la profession de photographe, le Salon de la Photo a initié en 2010 « Les Zooms », deux prix qui sont décernés, l’un par le public, l’autre par la presse spécialisée photo. Les résultats ont été proclamés le 2 octobre 2018.
Neuf rédacteurs en chef de la presse spécialisée ont donc choisi de valoriser un photographe professionnel français ou travaillant en France, émergent ou pas encore assez reconnu. Dix œuvres des deux lauréats seront exposées au Salon de la Photo.
Chloé Sharrock : la crise de l’électricité à Gaza
Cette année, le jury s’est tourné vers le travail de Chloé Sharrock, qui s’est rendue à Gaza pour documenter les coulisses du conflit israélo-palestinien. L’accent est mis ici sur le quotidien du peuple palestinien, vivant dans une situation de pénurie de plus en plus grave. « Ecrire avec la lumière », telle est son intention. Un leitmotiv fort, lancé par le célèbre photographe documentaire Abbas.
Dans « La nuit tombe sur Gaza », la jeune photographe décrit avec poésie et une mélancolie hors du temps, la tombée du soir dans cette région où l’électricité se fait rare. «Il est juste six heures de l’après midi, mais l’hiver raccourcit les jours et bientôt le quartier sera plongé dans l’obscurité totale.» raconte Chloé Sharrock.
« Autrefois la clé de voûte de la politique palestinienne, fière et pleine de défi, n’est plus aujourd’hui que le point névralgique de querelles qui agitent la Palestine moderne divisée en deux clans, le Fatah de Mohamoud Abbas et le Hamas d’Ismaël Haniyeh qui contrôle Gaza depuis sa violente prise de pouvoir en 2007. Un blocus renforcé sur le territoire de la part d’Israël et de l’Égypte ajoute à l’exaspération constante des divisions et conduit à une
impasse qui atteint son point de rupture: la situation à la fois économique et sociale est alarmante. Au cœur de ces jeux de pouvoir constants, l’électricité est devenue un moyen de pression qui détériore profondément la situation humanitaire déjà au bord de l’effondrement.»
Malgré cette situation politique catastrophique, la photographe nous restitue un portrait touchant et contemplatif de ces rues obscures et de leurs habitants.
Cédric Roux : les paradoxes du droit à l’image
Le photographe Cédric Roux, lui, remporte le prix du public. Son travail est inspiré du droit à l’image français, qui indique, de manière évasive, que chacun a le droit au respect de sa vie privée. Un photographe français devrait donc, à chaque fois qu’il s’apprête à dégainer son appareil photo, demander l’accord de la personne photographiée.
Cédric Roux évite habilement ce problème en se lançant un défi qui donne à réfléchir : construire une série photo en entier sans jamais montrer les visages de ses sujets. Autrement dit, saisir dans la rue des scènes de vie respectant à la lettre le droit français tout en soulignant l’absurdité de la situation, qui incite notamment à prioriser la recherche de
l’esthétique à défaut de pouvoir développer une approche plus documentaire. Autrement dit, saisir dans la rue des scènes de vie respectant à la lettre le droit français tout en soulignant l’absurdité de la situation, qui incite notamment à prioriser la recherche de l’esthétique à défaut de pouvoir développer une approche plus documentaire.
Une série à la fois drôle à la fois subtilement provocatrice qui a le mérite de réconcilier le photographe de rue avec son sujet de prédilection : le passant.
Source : Salon de la Photo
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