Annica Karlsson Rixon, en collaboration avec le musée des Beaux-Arts de Rouen, donne une signification nouvelle aux trésors du musée à travers un parcours photographique d’exception. Du 14 septembre au 6 janvier 2019. (Photo d’ouverture : © Annica Karlsson Rixon)
Dans le cadre du parcours photographique Lumières Nordiques, le musée des Beaux-Arts de Rouen a invité en 2018 l’artiste Annica Karlsson Rixon à travailler à partir de ses salles d’exposition et de ses réserves afin de produire un travail photographique qui entrerait en résonance avec les œuvres de la collection. De cette intention, naissent Mobilité Mémorables et Ocean of Traces, des séries qui bâtissent un pont symbolique entre les migrations du passé et du présent.
De manière surprenante, la photographe s’est arrêtée sur les Enervés de Jumièges, peinture monumentale d’Evariste Vital-Luminais. La tableau relate un épisode historique véridique : Clovis II, vainqueur de ses deux fils révoltés contre lui, les énerva en leur faisant brûler les jarrets, il les fit placer ensuite sur un bateau et les abandonna au courant de la Seine, qui les porte jusqu’au monastère de Jumièges où les moines les recueillirent.
Aux yeux de l’artiste, ce tableau est évocateur plus qu’il n’est descriptif. Il devient ainsi, dans son imagination, un pont entre les actualités dramatiques, le rapport à l’eau et la thématique de l’exil. Sa série photographique s’est alors focalisée précisément sur ces sujets. Les deux princes à la dérive deviennent métaphore d’un voyage dramatique constellé de martyrs et de sacrifices.
Ce tableau a ainsi inspiré une exploration de sites marqués par les migrations humaines en commençant tout au nord, à Dunkerque, puis en suivant la côte jusqu’à Cherbourg à la pointe de la péninsule de Basse-Normandie. Le travail a été accompagné des réflexions de Mikela Lundahl Hero, historienne des idées, qui a apporté une contribution théorique au projet et qui en a sorti un essai.
Le projet visuel de Mobilité Mémorable consiste en une quarantaine d’images de chaussures abandonnées dans une forêt à Calais où campent aujourd’hui de nombreux jeunes réfugiés depuis la fermeture et la destruction en octobre 2016 de « la Jungle », le camp de réfugiés à proximité. Certaines de ces chaussures, recouvertes d’une
mousse verte luxuriante sont visiblement là depuis des mois tandis que d’autres donnent l’impression qu’on vient tout juste de les abandonner.
Ocean of Traces est quant à elle, une réflexion sur la mer, vue tantôt comme un lien tantôt comme une barrière insurmontable. La photographe a capturé l’océan dans chaque site où elle s’est rendue, en le montrant comme un grand mur d’eau riche de promesses mais aussi d’histoires terribles. Le paysage environnant évoque toutes ces migrations, par les monuments aux héros de la Deuxième Guerre Mondiale, mais aussi par les parcs de divertissements sur les Vikings ou encore, les tristement contemporaines « jungles ».
Un parcours photographique et littéraire à découvrir au Musée des Beaux Arts de Rouen du 14 septembre au 6 janvier.
Source : Lumières Nordiques
0 commentaire
Ajouter le vôtre