Pour répondre à ses harceleurs virtuels et réels, Haley Morris-Cafiero a entamé un courageux projet photographique contre la grossophobie et le harcèlement. En détournant la violence en humour elle a brillamment réussi à renvoyer les haters à leur bêtise. Tout en donnant vie à un projet de street photography absolument bluffant. (Photo d’ouverture : © Haley Morris-Cafiero)
La série Wait Watchers de Haley Morris-Cafiero est devenue virale entre 2013 et 2015. Elle avait placé une caméra à Time Square pour un projet d’autoportrait et avait remarqué que sur toutes les photos développées, il y avait au moins une personne qui la regardait fixement en exprimant, non verbalement, un jugement sur son apparence. C’est ainsi que son étude à la fois sociologique et artistique a commencé. Une analyse acérée et déroutante sur comment le corps gros est méprisé en société sans même qu’il interagisse avec qui que ce soit. Wait Watchers est devenue une forme d’exutoire pour la photographe qui par l’humour a réussi finalement à renvoyer ses détracteurs à leur sottise.
Suite à la publication de cette série politiquement engagée mais aussi incroyablement réussie d’un point de vue de photographie de rue, la jeune photographe a reçu des menaces, des messages insultants et haineux pendant plusieurs mois, comme elle le confie au site Phroom. Preuve ultime du problème culturel que la grossophobie incarne. L’idée qu’un intimidateur assis derrière un écran utilise ses commentaires comme une arme contre elle a beaucoup diverti Haley depuis le début. Comme seule réponse, l’artiste a poursuivi son projet. Au lieu de répondre verbalement, elle a tracé les profils de 25 de ses détracteurs et s’est déguisée en eux. Ensuite, elle a inséré dans la photographie leurs messages de haine. Parce que, comme elle l’a très bien compris, une image sur Internet ne s’efface jamais.
Ce deuxième projet s’appelle The Bully Pulpit et c’est une réponse aux milliers de brutes qui ont essayé de faire taire Haley. Elle a choisi pour cette série des perruques, prothèses, déguisements bas de gamme afin d’accentuer le fait qu’Internet est un faux espace de sécurité, que tout ceci est illusoire et que derrière la haine de l’autre il y a probablement une haine de soi. Sa pratique évolue ainsi de la photographie à la performance en rendant l’esthétique de cette artiste encore plus dense et frappant, au grand détriment de ses haters. Finalement, l’avoir subi une grossophobie ordinaire a poussé Haley à explorer des nouveaux possibles à travers la photographie.
« Ce que j’aime dans Wait Watchers, c’est qu’il peut y avoir tellement de genres différents. Techniquement, c’est à la fois de la photographie de rue, du documentaire, de l’autoportrait, du conceptuel, de la performance et de la guérilla. » explique Haley. « En tout cas, cela m’a rendu plus confiante dans ma capacité à mélanger à mon travail de la performance ».
Une photographe à suivre donc, à l’univers explosif et foisonnant, dont le propos engagé est salvateur.
Source : Phroom
0 commentaire
Ajouter le vôtre