Du 14 avril au 23 avril, la Fondation Henri Cartier-Bresson accueille l’exposition Paul Strand ou l’équilibre des forces, qui reparcourt l’histoire et les évolutions de la photographie du grand photographe, héritier à la fois du formalisme photographique et de l’approche documentaire. (Photo d’ouverture : Paul Strand, Young Boy, Gondeville, Charente, France, 1951 © Aperture Foundation Inc., Paul Strand Archive. Fundación MAPFRE Collections)
Paul Strand (1890-1976) est l’héritier de deux grandes traditions photographiques souvent présentées comme antagonistes. D’abord, une tendance formaliste qui fait de la photographie un art en valorisant l’esthétique. Ensuite, une tendance sociale, qui se sert du documentaire pour raconter et dévoiler d’autres visions du monde. Dans l’histoire de la photographie, Alfred Stieglitz et Lewis Hine, les deux guides de Strand, incarnent ces deux visions différentes et à l’apparence irréconciliables.
À l’automne 1932, le Paul Strand part en voiture pour le Mexique à l’invitation du Ministère mexicain de l’Éducation. Il y expose ses photographies et a le plaisir de constater le succès populaire de ses images. Dans le pays, il développe un nouveau style d’écriture photographique, empreint d’une envie documentaire et d’une puissance narrative, sans pour autant quitter ses influences formalistes. C’est tout naturellement qu’il se tournera alors vers la vidéo, en se lançant dans la réalisation d’une série de films. Sa démarche photographique se politise de plus en plus, au fur et à mesure que son objectif croise les gens dans la rue et immortalise les histoires du peuple, que personne ne racontait.
Il devient membre de l’American Labor Party et travaille avec plus d’une vingtaine d’organisations qui, au moment du maccarthysme, seront classées comme « anti-américaines ». Afin de pouvoir s’exprimer librement, le photographe émigre donc en France, où il s’adonne à des sujets traversés par une grande conscience politique. Il travaille avec des écrivains et fait du livre un vecteur principal de diffusion visuelle.
Là où bon nombre d’exposition autour de Strand privilègient son identité formaliste, ce parcours remet l’accent sur son engagement politique. L’exposition ne nie pas pour autant l’amour de la forme chez le photographe et se propose plutôt de trouver un équilibre entre formalisme et photographie documentaire. C’est précisément ce que le commissaire, Clément Cheroux, entrevoir dans l’oeuvre de ce grand nom de la photographie du XXe siècle : la capacité unique d’avoir su mêler ces deux regards.
L’exposition présente près de 120 tirages issus des collections de la Fundación MAPFRE, Madrid, le film Manhatta réalisé par Paul Strand et Charles Sheeler en 1921 ainsi que quelques tirages prêtés par le Centre Pompidou.
Source : Fondation HCB
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