L’autoportrait… vers un commun de l’œuvre, c’est le sujet de cette nouvelle édition de Photo Doc 2023. La créatrice et directrice artistique du salon, Charlotte Flossaut évoque avec nous cette nouvelle édition. A découvrir du 12 au 14 mai, toujours en accès libre à l’espace des Blancs-Manteaux à Paris. (Photo d’ouverture : © LIN ZHIPENG 223 – Tiegger Peeking 2019)
Que se cache-t-il derrière la thématique Autoportrait… vers un commun de l’œuvre ?
Une découverte !… Depuis plusieurs années, on s’est rendu compte que les nouvelles générations de photographes s’engageaient de plus en plus personnellement dans leur travail. Un engagement physique jusqu’à parfois devenir l’autre et appartenir au sujet qu’ils photographient. En photographiant l’autre, ces photographes nous parlent d’eux-mêmes. Ils prennent ainsi part à la transformation du monde dans un geste d’altérité et de cocréation photographique. C’est ce que nous avons voulu mettre en lumière cette année. Parmi les photographes présents, je pense notamment à Hortense Soichet et son travail sur les femmes gitanes de Carcassonne qui est en fait une revendication personnelle (représentée par le Festival Fictions Documentaires). Il y a auss également Anne Garde avec sa série Rue des Etrangers. Elle y exprime son amitié fraternelle avec Thierry Agullo, « agitateur culturel de la contre-culture des années 80 », devenu son double masculin (galerie Le Thé des écrivains)… Tous les photographes qui sont exposés parlent d’eux-mêmes dans le choix qu’ils font de l’autre, dans une réciprocité figurée.
L’année dernière L’Advenir était la thématique choisie. Comment se fait ce choix ?
On ne choisit pas une cause en fait, la thématique est le reflet d’un état d’esprit général du moment ou d’un message sur lequel nous souhaitons nous arrêter. C’est une rencontre avec les récits qui exprime la direction d’une édition. Notre position est de prendre part à la transformation du monde et de favoriser cet acte de militantisme en photographie, qui n’exclue aucunement un travail de l’esthétique lié à celui du sens.
Vous soulignez que Photo Doc est un salon et non un festival, quelle est la différence ?
Photo Doc est une structure en faveur de la photographie documentaire, où le marchand joue son rôle tout autant que le culturel. Dès sa création en 2015, nous avons souhaités revendiquer la dimension d’œuvre et de collection de cette photographie tout en la soutenant culturellement. Cela a été notre pari dès le premier salon : proposer des tirages signés et numérotés de photographies documentaires à la vente pour valoriser l’engagement de cette photographie, et toucher celui de l’acheteur qui, en conscience, devient dépositaire en quelque sorte de beaucoup plus qu’une puissante photo, mais également de toute son histoire, constituée de la relation entre le photographe et le sujet, de ce qu’ils auront vécu. Par-là, nous souhaitions faire de l’acte d’achat un acte militant qui prenne part à la transformation du monde… pour un achat qui transforme le monde ! D’ailleurs, nous parlons de série plus que d’images uniques. Il s’agit aussi de soutenir le travail de création au long cours qui demande une implication dans tous les sens du terme. Une vie de travail souvent. Naturellement, notre approche s’inscrit dans une démarche culturelle et pédagogique qui s’expriment déjà durant ces 3 jours de salon avec une programmation pointue de tables-rondes menées avec la recherche.
Photo Doc 2023. A découvrir du 12 au 14 mai, toujours en accès libre à l’espace des Blancs-Manteaux à Paris.
Source : Photo Doc
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