L’an dernier je courrais le semi-marathon de Vincennes dans des conditions idéales: air frais, soleil sans nuage, l’impression que j’en avais encore sous le pied aux derniers entraînements. L’objectif a eu beau être rempli (passer sous les 1h35) et avec une bonne marge (1 minute de moins), ma gestion de la course a été un échec cuisant qui allait me coûter encore plus cher au marathon de Paris 6 mois plus tard.
Un début de course fortement ralenti par un départ pêle-mêle sans sas par objectif, avec une forte dépense énergétique pour doubler par les trottoirs et les bas-côtés. Un milieu de course euphorique avec une accélération dans la douce descente de l’avenue de gravelle. Les 5 derniers kilomètres catastrophiques à la limite de la tétanie et donc une vitesse en chute libre, et une photo de finisher à la mine défaite.
Je l’ai compris bien trop récemment, je m’étais trop couvert, je n’avais pas assez bu avant et pendant la course, et j’ai couru trop vite/intensément la première moitié de course.
Hier, les conditions étaient à l’opposé: pluvieux, venteux, avec une température agréable. Je ne quitte plus mes bouteilles depuis le début de l’entrainement, quel que soit le type de sortie (courte/longue, intense/lente, matin/midi). J’ai passé la journée précédente à boire du thé, et je m’étais préparé une boisson d’attente pour l’heure précédant la course. J’avais élaboré une stratégie de course en « negative split », un gros mot pour dire qu’on va aller plus vite sur la seconde moitié de course que sur la première. L’idée? Faire un bilan à chaque fin de tiers de course et décider si je passe à la vitesse supérieure en fonction de mon ressenti. Et m’empêcher de céder à l’euphorie et accélérer trop tôt.
Dans le sas de départ, les organisateurs mettent en garde contre le sol glissant avec la pluie, la boue et les feuilles mortes. Ils préviennent aussi de se méfier du vent et de courir en pelotons pour ne pas s’épuiser et de ne le lâcher qu’à la fin de l’épreuve si on se sent encore des ailes. Je n’écoute pas vraiment la suite, je m’enferme dans ma bulle.
La course démarre tranquillement, je me cale sur ma vitesse cible du premier tiers assez rapidement et sans à-coup. Je laisse filer doucement les meneurs d’allure qui ont une vitesse stable tout du long de la course. Au 4eme km et au 6eme km mon GPS m’indique je vais un peu vite, par embardées alors que je ne ressens pas ces accélérations. Je relâche et je ne me méfie pas, je pensais pouvoir vérifier mon allure au 7eme km au cas où le GPS ne calculerait pas les distances – donc les vitesses – correctement.
Au 7eme km, pas de borne, ou alors je l’ai complètement zappé. Je râle intérieurement, mais la vitesse est dans ma cible du deuxième tiers. Au 8eme km le GPS m’annonce une vitesse beaucoup trop rapide, alors que je ne sens encore pas d’accélération de cet ordre. Un poil plus loin, je me rend compte qu’il y a quasiment 400m d’écart entre la borne du 10eme km et la distance à ma montre, et que ma vitesse moyenne sur le km serait tombée de 2km/h. Je décide de ne pas y croire, le GPS délire et je garde le cap, à la sensation. Je suis quand même super mal à l’aise parce que ma stratégie demandait un suivi assez fin de la vitesse, de l’ordre de 0.25km/h entre chaque tiers de course. Tant pis!
Au 14eme km, j’hésite à accélérer: les jambes carburent et me le font savoir. Au 17eme km je commence à pousser doucement, pas d’impact sur ma vitesse d’après le GPS, puis une vitesse très rapide sur le 18eme. Impossible de s’y fier. J’ai du mal à maintenir cette nouvelle vitesse sur la route de la Tourelle, grand couloir venteux. Je m’abrite quelques secondes, mais la personne que je suis est trop lente, je double. Arrivé aux allées royales le mental remonte à fond, c’est la dernière ligne droite, même si elle fait 1.5km. Seul bémol, les meneurs d’allure ne sont plus visibles tellement ils sont loin devant. Aurais-je dérivé de mon objectif à ce point?
Des ailes me poussent, je comprends enfin le véritable sens du vieil d’adage de mon pote Charlie: 10s de gagné au départ, 10min de perdues à l’arrivée. Dans les allées royales, je me met enfin à sourire, plus pour les photographes que par plaisir mais ça aide. Je pousse encore le long de la garde républicaine, elle me semble interminable à cette vitesse. Je vois enfin la foule massée le long de l’arrivée, je cherche clo et lucie, je les repère enfin et je sens que tous ces encouragements me mettent la banane et me donnent l’énergie nécessaire pour le sprint final. J’allonge les foulées, je ventile à fond, je sens que je suis à la limite de pousser un cri primaire à la Bigard, et….
… je passe la ligne d’arrivée. J’arrête le GPS, je regarde le temps enregistré, je lis 1h29’58 » et je souffle enfin. Je tope la main du meneur d’allure, je donne ma puce électronique, j’attrape ma médaille. Clo me dit que les meneurs d’allure sont arrivés depuis 1-2 minutes, je suis un peu surpris. Je rentre à la maison, je vérifie mes sms, mon temps officiel (entre le coup de pistolet et mon arrivée) et de 1h30’08s. Et si j’avais vraiment loupé de quelques secondes? Je me rassure rapidement, j’ai facilement mis 10s à passer la ligne de départ après le coup de feu. J’attends avec impatience mon temps réel sur le site organisateur, et quand il tombe je suis sur le cul: 1h29’00 », classé 150eme sur 2500 finishers et 3000 inscrits.
Je souris bêtement, j’ai rempli et dépassé franchement l’objectif, et j’ai bien géré ma course. 10 semaines d’entrainement, plus de 400km et 36h pour un résultat net, propre et efficace. Et la peur panique quand mon genou avait doublé de volume à 6j de la course (et a simplement re-dégonflé aussi vite avec un peu de pommade anti-inflammatoire) ne restera finalement que comme une anecdote dans mes souvenirs.
Je me sens à la pointe, je peux être serein pour la suite, et elle arrivera vite: 10km en février, 30km trail en mars, marathon en mai.
L’an dernier je courrais le semi-marathon de Vincennes dans des conditions idéales: air frais, soleil sans nuage, l’impression que j’en avais encore sous le pied aux derniers entraînements. L’objectif a eu beau être rempli (passer sous les 1h35) et avec une bonne marge (1 minute de moins), ma gestion de la course a été un échec cuisant qui allait me coûter encore plus cher au marathon de Paris 6 mois plus tard.
Un début de course fortement ralenti par un départ pêle-mêle sans sas par objectif, avec une forte dépense énergétique pour doubler par les trottoirs et les bas-côtés. Un milieu de course euphorique avec une accélération dans la douce descente de l’avenue de gravelle. Les 5 derniers kilomètres catastrophiques à la limite de la tétanie et donc une vitesse en chute libre, et une photo de finisher à la mine défaite.
Je l’ai compris bien trop récemment, je m’étais trop couvert, je n’avais pas assez bu avant et pendant la course, et j’ai couru trop vite/intensément la première moitié de course.
Hier, les conditions étaient à l’opposé: pluvieux, venteux, avec une température agréable. Je ne quitte plus mes bouteilles depuis le début de l’entrainement, quel que soit le type de sortie (courte/longue, intense/lente, matin/midi). J’ai passé la journée précédente à boire du thé, et je m’étais préparé une boisson d’attente pour l’heure précédant la course. J’avais élaboré une stratégie de course en « negative split », un gros mot pour dire qu’on va aller plus vite sur la seconde moitié de course que sur la première. L’idée? Faire un bilan à chaque fin de tiers de course et décider si je passe à la vitesse supérieure en fonction de mon ressenti. Et m’empêcher de céder à l’euphorie et accélérer trop tôt.
Dans le sas de départ, les organisateurs mettent en garde contre le sol glissant avec la pluie, la boue et les feuilles mortes. Ils préviennent aussi de se méfier du vent et de courir en pelotons pour ne pas s’épuiser et de ne le lâcher qu’à la fin de l’épreuve si on se sent encore des ailes. Je n’écoute pas vraiment la suite, je m’enferme dans ma bulle.
La course démarre tranquillement, je me cale sur ma vitesse cible du premier tiers assez rapidement et sans à-coup. Je laisse filer doucement les meneurs d’allure qui ont une vitesse stable tout du long de la course. Au 4eme km et au 6eme km mon GPS m’indique je vais un peu vite, par embardées alors que je ne ressens pas ces accélérations. Je relâche et je ne me méfie pas, je pensais pouvoir vérifier mon allure au 7eme km au cas où le GPS ne calculerait pas les distances – donc les vitesses – correctement.
Au 7eme km, pas de borne, ou alors je l’ai complètement zappé. Je râle intérieurement, mais la vitesse est dans ma cible du deuxième tiers. Au 8eme km le GPS m’annonce une vitesse beaucoup trop rapide, alors que je ne sens encore pas d’accélération de cet ordre. Un poil plus loin, je me rend compte qu’il y a quasiment 400m d’écart entre la borne du 10eme km et la distance à ma montre, et que ma vitesse moyenne sur le km serait tombée de 2km/h. Je décide de ne pas y croire, le GPS délire et je garde le cap, à la sensation. Je suis quand même super mal à l’aise parce que ma stratégie demandait un suivi assez fin de la vitesse, de l’ordre de 0.25km/h entre chaque tiers de course. Tant pis!
Au 14eme km, j’hésite à accélérer: les jambes carburent et me le font savoir. Au 17eme km je commence à pousser doucement, pas d’impact sur ma vitesse d’après le GPS, puis une vitesse très rapide sur le 18eme. Impossible de s’y fier. J’ai du mal à maintenir cette nouvelle vitesse sur la route de la Tourelle, grand couloir venteux. Je m’abrite quelques secondes, mais la personne que je suis est trop lente, je double. Arrivé aux allées royales le mental remonte à fond, c’est la dernière ligne droite, même si elle fait 1.5km. Seul bémol, les meneurs d’allure ne sont plus visibles tellement ils sont loin devant. Aurais-je dérivé de mon objectif à ce point?
Des ailes me poussent, je comprends enfin le véritable sens du vieil d’adage de mon pote Charlie: 10s de gagné au départ, 10min de perdues à l’arrivée. Dans les allées royales, je me met enfin à sourire, plus pour les photographes que par plaisir mais ça aide. Je pousse encore le long de la garde républicaine, elle me semble interminable à cette vitesse. Je vois enfin la foule massée le long de l’arrivée, je cherche clo et lucie, je les repère enfin et je sens que tous ces encouragements me mettent la banane et me donnent l’énergie nécessaire pour le sprint final. J’allonge les foulées, je ventile à fond, je sens que je suis à la limite de pousser un cri primaire à la Bigard, et….
… je passe la ligne d’arrivée. J’arrête le GPS, je regarde le temps enregistré, je lis 1h29’58 » et je souffle enfin. Je tope la main du meneur d’allure, je donne ma puce électronique, j’attrape ma médaille. Clo me dit que les meneurs d’allure sont arrivés depuis 1-2 minutes, je suis un peu surpris. Je rentre à la maison, je vérifie mes sms, mon temps officiel (entre le coup de pistolet et mon arrivée) et de 1h30’08s. Et si j’avais vraiment loupé de quelques secondes? Je me rassure rapidement, j’ai facilement mis 10s à passer la ligne de départ après le coup de feu. J’attends avec impatience mon temps réel sur le site organisateur, et quand il tombe je suis sur le cul: 1h29’00 », classé 150eme sur 2500 finishers et 3000 inscrits.
Je souris bêtement, j’ai rempli et dépassé franchement l’objectif, et j’ai bien géré ma course. 10 semaines d’entrainement, plus de 400km et 36h pour un résultat net, propre et efficace. Et la peur panique quand mon genou avait doublé de volume à 6j de la course (et a simplement re-dégonflé aussi vite avec un peu de pommade anti-inflammatoire) ne restera finalement que comme une anecdote dans mes souvenirs.
Je me sens à la pointe, je peux être serein pour la suite, et elle arrivera vite: 10km en février, 30km trail en mars, marathon en mai.
(pour les curieux le plan de la course est consultable ici: http://www.sportpassionorganisation.com/courses/marathonvincennes/plansemi.php)