L’explosion de la photo et de la vidéo via smartphone n’a pas changé que les parts de marché de notre industrie. Elle a également apporté une culture, des pratiques et des contraintes aux conséquences étonnantes.
Alors que son avenir s’annonce toujours plus radieux, retour sur 5 points majeurs qui vont façonner toute une génération de photographes et vidéastes arrivés à a travers leur smartphone…
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1. Les performances importent moins
Dans la faune photo et vidéo, les smartphones restent l’espèce la plus faible. Capteur ridiculement petit, autofocus lent, optique simplifié… Alors que les reflex et autres hybrides multiplient les exploits techniques, shooter avec un smartphone ramène à des conditions et des contraintes d’un autre âge. Mais cela ne compte finalement pas tant que cela.
Déjà, parce que les performances augmentent au point que le rendu de l’image devient acceptable. De l’autre côté, parce que le support qu’est l’écran est beaucoup moins exigeant que ne peut être le papier. Un point de satisfaction visuel est donc atteint mais surtout, les photographes néophytes comme éclairés ont appris à s’accommoder de ces contraintes et d’une certaine manière, d’en apprécier la simplicité. L’esprit Lomo du XXIe siècle, d’une certaine manière.
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2. Le retour de la focale fixe
Le constat est savoureux. Pendant des années, le monde de la photo a été divisé entre les pros focales fixes et amateurs de zooms, les premiers accusant les seconds de céder à la facilité, de ne pas bouger, ne plus cadrer etc. Un débat évidemment stérile. Et voici que depuis quelques années, l’appareil photo le plus grand public du monde fonctionne… En focale fixe. Et personne ne semble s’en plaindre.
Même s’il semble évident que les zooms arriveront dans les smartphones, notamment via les verres liquides (voir notre article correspondant), leur absence ne porte finalement qu’un préjudice mineur : peu de gens se plaignent vraiment de leur absence. Qui aurait parié il y a quelques années que la focale fixe redeviendrait une nécessité technique et une norme grand public ? Les « puristes » pourront cependant râler encore un peu : aujourd’hui, personne ne connaît la focale de son smartphone.
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3. Shooter carré
On parle plus d’Instagram et autres communautés photo mobiles que des mobiles eux-mêmes. Il n’empêche encore une fois : le format carré, jusqu’alors réservé à quelques amateurs du genre et autres photographes équipés en moyen et grand format, déboule en force. Il faut bien garder en tête qu’Instagram représente pour des millions d’utilisateurs le premier contact avec la photo « créative ». Et ces gens sont élevés au format 1:1, ressuscité d’un coup.
Les raisons, si elles n’ont jamais été expliquées, semblent tenir au fait que la culture de la dualité « format paysage » / « format portrait » est omniprésente sur les smartphones. En poussant vers le format carré, on ne favorise aucune orientation, tout en évitant aux utilisateurs de passer leur temps à pivoter leur écran. Bref, une contrainte moderne à engendré le retour d’un cadrage d’antan.
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4. Un processus complet et unifié
Et en parlant de visualisation sur un écran, c’est l’autre point, peut-être LE point le plus important. Jusqu’alors, beaucoup de personnes se contentaient de prendre des photos, sans aller plus loin. Certaines les publiaient, d’autres les retouchaient.
Avec le smartphone, nous retrouvons pour la première fois l’ensemble du processus photo, du début à la fin dans le même appareil : on shoote, on trie, on retouche, on publie, on partage. Le tout avec un seul et même appareil. C’est un changement de paradigme majeur dont nous vous parlons beaucoup et qui le mérite. Car jusqu’alors, la segmentation du processus avait freiné beaucoup de gens quand à la retouche ou au partage photo. Cela reste lourd et compliqué pour le grand public.
Avec les smartphones, les opérations s’enchaînent naturellement et c’est tout une génération de photographes jusque-là « limitée » qui comprend et applique toutes les étapes de la photo. Un formidable pas en avant, pour s’attaquer à des « workflows » plus complexes (reflex – lightroom – portfolio), mais désormais compris.
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5. Une ergonomie centralisée
Reste enfin la manière de shooter. Avec les smartphones est apparue une interface unique : l’écran tactile. Contrairement aux appareils photo traditionnels offrant une disposition de bouton différente suivant les designs, la photophonie part d’une base commune : un écran qui peut tout faire, du déclenchement à la retouche. D’excellentes idées en sont d’ailleurs issues, comme des points d’AF décentrés précis et naturels, la mise au point et le calcul d’expo via deux doigts choisissant les zones pertinentes, un zoom de précision d’un simple geste… Qui pourra encore supporter un joystick et une molette dans quelques années ?
L’interface tactile reste cependant un terrain encore presque vierge, tout reste à construire. Mais il nous paraît inévitable qu’à l’avenir, la vitesse et l’ouverture soient deux réglettes visuelles plus simples à comprendre : on pousse la tirette vers le haut et on va plus vite, on ouvre plus grand… Aujourd’hui encore, les concepts d’ouverture et de vitesse via des molettes sans description restent des barrières pour beaucoup. Les écrans tactiles centralisent commandes et explications, ce qui reste la solution la plus naturelle et efficace pour le grand public. Les experts parfaitement adaptés aux touches de leur appareil resteront stoïques, mais comprendront bien que la photo doit se simplifier. Et la Photophonie le fait.
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Cela paraît trivial pour les photographes enthousiastes et avancés, mais il faut bien prendre en compte les codes et les cultures que la photophonie va imprimer dans la culture photo des nouvelles générations et du grand public. Les prochaines années verrons
Voyez-vous d’autres points importants ?
15 commentaires
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[La qualité photo d’un smartphone… ]
Même si elle aura forcément ses limites je pense qu’il y a encore de la marge.
Le nombre de pixels ne fait que déterminer la taille de l’image (affichée et/ou imprimée) mais ne détermine pas la qualité de l’image.
Celle-ci dépends du traitement au sortir du capteur et, pour le moment, seuls les constructeurs d’APN ont une expertise suffisante en la matière… à chacun son métier.
Nul doute que des rapprochement auront lieu, dès lors que les constructeurs auront compris que continuer à produire des compacts pas si compacts n’a plus de sens. Car les compacts à zoom ou objo interchangeables sont presque aussi gros que les actuels reflex et les remplaceront.
Alors ceux qui trouvent très bien de s’esquinter les yeux avec un écran-arrière inondé de soleil, passeront au smartphone bien plus intéressant pour leur pratique.
;-))
Je ne suis pas d’accord avec toi Lâm quand tu dis que personne ne se plaint de la focale fixe. Sur la quantité d’utilisateurs de smartphones, quelle est la proportion de personnes qui l’ont choisi avec l’argument photophone en premier ?
Avec ce genre de donnée, à mon avis incalculable, on pourrait effectivement dire si oui ou non les gens s’en plaignent
Mon point de vue, c’est que pour l’instant, la notion de photophone, au sens où on l’entend ici chez Lense, n’existe que dans très peu d’esprit. Les projets dont on entend parler ne sont pas si nombreux que ça et que ce sont surtout les mêmes groupes de personnes qui travaillent dessus.
Très honnêtement, je pense que si personne « ne se plaint » de la focale fixe, c’est que la grande majorité d’utilisateurs voient leur capteur 5MP comme un bonus sur leur smartphone et du coup, ils cherchent pas trop à comprendre puisque ce qu’il va les intéresser c’est de recadrer, retoucher, partager.
[…] a également apporté une culture, des pratiques et des contraintes aux conséquences étonnantes.Via http://www.lense.fr Partager :FacebookTwitter Un Blog WordPress.com. | Thème : Imbalance 2 par WPShower. […]
Comme tu l’as bien dit dans ton article, la performance (que ce soit côté technique ou dans la volonté de « produire une photo esthétique ») dans la photophonie n’a plus du tout d’importance… Ce qui met presque amateurs et pros en photo au même niveau. Mais le gros point fort de la photophonie est selon moi que, débarrassée de ces contraintes, elle devient véritablement le témoin d’un instant tout en permettant le partage instantané… C’est quelque chose qui me fait penser au début de la photo ou même aux polaroïds…
Christelle
J’ai eu beaucoup de mal à trouver un compact qui me convienne, le Canon S100 y arrive (à peu près). Le smartphone c’est vraiment pas possible. Autant la qualité d’image des compacts est bonne aujourd’hui et seule l’ergonomie est « limite », mais les smartphones, c’est le pire: ergonomie (et fonctionnalités) horrible, et qualité d’image vraiment mauvaise (j’ai un iPhone 4, le photophone le plus utilisé dans le monde semble-t-il).
C’est dommage que beaucoup se contentent de leur unique photophone pour sauvegarder les plus beaux moments de leur vie.
PS: aujourd’hui j’ai le téléphone dans une poche, l’appareil dans l’autre, c’est plus gros, mais au moins je ne regrette jamais!
Même si tu as entièrement raison le concept « parts de marché de notre industrie » m’attriste toujours un peu.
Et pour rester dans le poncif, faire un hipstagram à balancer sur twitter ce n’est pas -forcément- de la photo. Même si le support est photographique. Les SMS la littérature et autres banalités.
Pour citer un poncif, mais qui reste tout de même à mes yeux une des raisons majeures – si ce n’est la raison-mère – de l’essor des photophones :
« The best camera is the one that’s with you »
Ce qui est aussi intéressant avec la photophonie c’est qu’on est tous plus ou moins logé à la même enseigne. Plus question de savoir qui « à la plus grosse », on utilise tous les mêmes outils et seul la photo compte. C’est plutôt une bonne chose puisque ça peux pousser à se concentrer uniquement sur la compo plutôt que de savoir si c’est grâce à un 5d ou un d3x qu’on a realisé la photo.
Merci pour ce brief, on ne peut plus juste!
C’est une évolution engagée, qu’on le veuille ou non. J’ai d’ailleurs moi-même cédé LARGEMENT A CONTRE-COEUR à l’écran comme mode de visée plutôt qu’au viseur.
Du coup mon NEX5 ne me quitte plus et je m’y fais plutôt bien (je pense d’ailleurs à revendre mon S5 Pro…).
Ajoutons la synergie aux points que nous apporte la photophonie.
Certes dans l’ensemble de la chaîne photo mais aussi dans le lien avec d’autres logiciels, d’autres écosystèmes comme le blogging par exemple.
La photo ou la vidéo n’est pas l’élément principal (contrairement à un partage Instagram ou YouTube) mais un des éléments et à ce titre parfaitement intégré.
Pour reformuler: sur un smartphone ou une tablette, on peut maintenant créer du contenu GLOBAL. Taper un texte, ajouter une photo, partager le contenu, interagir…etc.
Le problème n’est donc pas comment les appareils photos ou les ordinateurs pourront évoluer à partir de ce que nous apportent les smartphones et tablettes mais comment pourront-ils exister en parallèle, cohabiter. Quelle sera leur plus-value (une fois le gap technologique comblé)?
Je ne crois pas l’avoir lu, mais le partage instantané, c’est aussi le gros succès, plus besoin d’attendre d’être rentré pour publier l’affreux combo bottines/guêtres/gilet vu dans le métro (par vrai James?).
Moins de prise de tête quand à la qualité de l’exposition, aux retouches possibles…
Oui, mais pour un peu nuancer cette fameuse phrase, disons qu’elle ne date pas des smartphones, mais s’appliquait aux Leica, aux compacts etc.
Le smartphone pousse l’énoncé plus loin car il dépasse le cadre d’un appareil photo. On porte d’abord un smartphone sur soi, qui offre désormais la photo et la vidéo.
Nous sommes d’accord 😉
Le grand changement des photophones est avant tout un changement d’échelle (les seuls amateurs de photographie ne sont plus les seuls à avoir un appareil sur eux à tout instant) et de vitesse de propagation (plus besoin de développer/tirer ou même de devoir rentrer chez soi pour vider une memory card et partager ses photos), mais pas encore une révolution technique.
Dans tous les cas, j’ai hâte de voir où cela va mener.
Yep, c’est frais !
La qualité photo d’un smartphone, autant que la présence d’app comme Instagram, sont devenus des facteurs de choix. La notion de photophone n’est pas un caprice de notre part, il suffit de regarder les chiffres sur flickr, facebook ou instagram…