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Portrait de Lenser : Florian Kuhn

Toutes les semaines Lense met en avant l’un de ses Lensers, les lecteurs passionnés de photographie qui ont partagé leurs images sur le site. Cette semaine, nous vous présentons Florian Kuhn. Pour participer, c’est par ici. (Photo d’ouverture : © Florian Kuhn)

Florian Kuhn perçoit la photographie comme un journal intime. La pratiquant depuis l’adolescence, son regard sur le monde s’est réellement forgé avec elle. Réaliste et sentimental, poétique et pourtant descriptif, le langage de ce photographe nous rappelle le travail d’un Brassaï ou d’un Luigi Ghirri.

Quel est ton rapport à la photographie ?

Je ne suis pas photographe. Ce n’est pas ma profession, mais je fais quand-même un travail en rapport avec l’image puisque je suis assistant réalisateur. Quand je photographie, quand je trouve ce temps-là dans un quotidien bien trop chargé, c’est comme si je m’adonnais à une séance de méditation, un moment de concentration à la fois coupé du monde qui m’entoure, un oeil fermé et l’autre ouvert seulement sur le cadre limité de l’appareil photo, et paradoxalement plongé profondément dans ce monde, puisqu’à ce moment-là je mets toute mon énergie à essayer de le comprendre, de le raconter, d’en extraire le moment poétique.

© Florian Kuhn
Comment as-tu commencé à en faire ?

J’ai commencé à m’intéresser à la photographie au début de l’adolescence. A cette époque, je voulais être photo-journaliste. J’avais dû être marqué par des photos de guerre vues dans des journaux. Les années 1980-90 ont été riches en catastrophes et événements couverts par des photographes dont j’admirais l’engagement et qui m’ont donné le goût de l’ailleurs et des hommes (et qui finalement, en me montrant en images les conséquences des guerres, des drogues, de l’argent et de l’obstination politique sur les populations civiles, m’ont appris à me méfier des discours établis).
Mais je me suis rendu compte rapidement que je n’étais pas un aventurier en même temps que je m’intéressais davantage au cinéma. Cependant la pratique de la photographie ne m’a quasiment jamais quitté. Pour moi, faire des photos c’est comme tenir un journal intime.

Quels sont tes sujets de prédilection ?

Je n’ai pas vraiment de sujet de prédilection. Je crois que je cherche avant toute chose à raconter une bonne histoire, que ce soit dans une approche figurative ou abstraite. Et j’adorerais qu’on qualifie un jour mon travail de réalisme poétique, comme le mouvement cinématographique du même nom. Mais pour cela il faudrait que je travaille davantage et que je construise de réels projets documentaires.
Romain Gary a écrit une jolie phrase sur le cinéma que je voudrais reprendre à mon compte pour exprimer ce que je ressens face à la photographie : « J’ai un goût très vif pour tous les papillons du merveilleux et j’essaie de les saisir, et qu’ils soient observés, vécus, créés, c’est la même chose, c’est toujours une quête du merveilleux. Le cinéma – et là je voudrais rajouter « et la photographie » – c’est un filet à papillons, comme le roman, comme la vie vécue. »

© Florian Kuhn
Quel matériel utilises-tu dans ta pratique ?

Difficile à dire. Je fais avec ce que j’ai. J’ai photographié longtemps avec un indestructible Nikon F100 et un 50 mm. J’ai mis du temps à passer au numérique parce que les appareils accessibles à mon budget étaient à l’époque bien peu convainquants en comparaison de ce que j’obtenais en argentique. Aujourd’hui j’ai un FUJI XT2 qui me ravit et je pose dessus un 35 mm (équivalent un 50 en 24×36) qui ouvre à 1,4 et qui a un super piqué. La pellicule me manque un peu ces temps-ci et je voudrais m’essayer au moyen format.

Qui sont tes photographes de référence ?

Brassaï, inconditionnellement. Tout m’inspire chez lui, ses sujets, ses cadres, sa lumière, son engagement, sa vie, son oeuvre, le leg documentaire qu’on lui doit.
A la deuxième place, Luigi Ghirri : je crois que j’aimerais faire de la photographie comme lui.
Et sinon dans des genres assez différents mais à chaque fois inspirants pour moi : Nino Migliori, Louis Faurer, Jacob Holdt, Mary Ellen Mark, Araki, Erwin Blumenfeld, Gérard Rondeau… Chez les photographes de guerre, James Natchwey et Patrick Chauvel (dont je conseille à tous la lecture de son autobiographie Rapporteur de guerre).

Autoportrait de Florian Kuhn
Comment as-tu découvert, connu Lense ?

Via le magazine Fisheye auquel je suis abonné.

Plus d’informations sur ce Lenser :
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