Toutes les semaines Lense met en avant l’un de ses Lensers, les lecteurs passionnés de photographie qui ont partagé leurs images sur le site. Cette semaine, nous vous présentons Lisa Gardel (pour consulter son profil lenser, rendez-vous ici). Pour participer, c’est par ici. (Photo d’ouverture : © Lisa Gardel)
Lisa Gardel a une approche de la photographie spontané et enfantin, capable de raconter des histoires poétiques à partir de détails infimes du quotidien. C’est devant le fait accompli que la photographe peut comprendre le sens d’un récit dans une image. Parfois, elle s’amuse à mettre en scène ces moments magiques. Ses inspirations allant de Wes Anderson à Charlotte Abramow, elle affiche un univers mélangeant absurde, romantisme et un certain désir d’évasion de l’ordinaire.
Quel est ton rapport à la photographie ?
Enfantin, pour le côté brut et spontané. C’est l’instinct qui mène la barque. Si j’appuie sur le déclencheur, c’est qu’un détail – potentiellement anodin de prime abord – a attiré mon œil et que je le trouve beau. Étrangement, ce n’est qu’une fois sur mon ordinateur face aux images que d’autres éléments porteurs de sens m’apparaissent. Les histoires se racontent à retardement.
Comment as-tu commencé à en faire ?
J’ai récemment fait un saut dans mon village lorrain et je suis tombée sur une boîte aux trésors qui renfermait quelques souvenirs d’enfance que ma mémoire avait envoyé balader. Parmi eux, un album où des photographies – souvent floues – de mon chat, de fleurs du jardin et des membres de ma famille étaient répertoriées. Je me souviens avoir eu un paquet d’appareils photos jetables, j’adorais leur couleur jaune pêchue.
Adolescente, j’ai demandé un Sony Cyber shot compact, pour sa couleur indigo cette fois. Techniquement, je n’y connaissais rien. En fait, ça ne m’intéressait pas de savoir, je crois. Je voulais juste immortaliser des choses, des gens, des instants que je trouvais précieux. On a fait équipe pendant quinze ans, bien qu’il soit resté au fond d’un tiroir les trois dernières années.
Et pour mes 27 ans, j’ai reçu mon premier Réflex, un Canon que j’ai voulu apprendre à connaître et maîtriser. 2020 m’a permis non seulement de me remettre à flâner dans les rues avec l’appareil autour du cou comme seul accessoire, mais surtout d’approcher l’objet avec plus de curiosité et d’apprendre seule.
Quels sont tes sujets de prédilection ?
Quelqu’un vêtu de tel habit, à tel moment, à tel endroit. Un pigeon sur un trottoir s’encastrant de telle manière avec une ombre au sol. Un cycliste flou avec un arrière-plan magique. Les rayons matinaux qui projettent l’ombre des fleurs séchées sur le mur. Une amie riant aux éclats en plein milieu d’une forêt. Une tasse de café fumante tenue par une main encore endormie. Un chien faisant juste dépasser sa tête et sa collerette médicale d’un magasin onéreux. Un regard tendre, dur, ailleurs. Une silhouette sous les gouttes de pluie. Une station essence isolée la nuit. Des moments tirés du quotidien, peut-être. Là où une poésie peut se glisser.
Quel matériel utilises-tu dans ta pratique ?
Je découvre l’argentique avec mon Olympus OM10 et son 50 mm f/1.8 au bec. Et le plaisir est dingue. Un copain m’a également prêté un objectif Voigtlander 17,5 mm f/0.95 que j’utilise sur mon Lumix G9 : une pépite.
Qui sont tes photographes de référence ?
Ça provient surtout des films, en général. Je suis férue des plans ultra-rigoureux de Wes Anderson, son directeur de la photographie fétiche étant Robert Yeoman. Aussi, tout le travail de Sébastien Lifshitz – qui est photographe avant d’être réalisateur – me parle énormément. Depuis la semaine dernière, les sublimes plans du chef opérateur Julien Hogert pour le film de Nina Robert, Sugar babies.
Hors cinéma, il y a Charlotte Abramow pour l’absurde et la couleur, Rineke Dijkstra pour ses portraits, Théo Gosselin pour l’aspect folk, la liberté et l’aventure, Doisneau pour son noir et blanc et ses déambulations parisiennes. Il y a aussi les merveilleuses rêveries de Sèverine Godissart, découverte par hasard sur Lense.
Comment as-tu découvert, connu Lense ?
Merci au magazine Fisheye !
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1 commentaire
Ajouter le vôtreLisa, merci infiniment pour ce clin d’oeil…
Un très beau portrait et de bien beaux clichés remplis de vie et de poésie.