Toutes les semaines Lense met en avant l’un de ses Lensers, les lecteurs passionnés de photographie qui ont partagé leurs images sur le site. Cette semaine, nous vous présentons The Antic Staatsoper. Pour participer, c’est par ici. (Photo d’ouverture : © The Antic Staatsoper)
Le mysticisme et la spiritualité sont au cœur du travail de ce Lenser mystérieux qui se fait appeler The Antic Staatsoper. Fouillant dans l’antiquité picturale, ce photographe qui jongle entre peinture, photographie et collage nous restitue des univers presque inquiétants, une fenêtre ouverte sur les parties les plus sombres de l’humain en quête d’une beauté transcendante.
Quel est ton rapport à la photographie ?
Pour commencer, je ne sais pas vraiment ce qu’est la photographie. Il y’a tellement d’approches différentes. Je ne me considère pas moi même comme un photographe. Un peintre frustré à la rigueur. J’essaie souvent de créer des scènes où le spectateur sera le décideur de l’issue qui l’amènera à se questionner sur ses propres choix.
Ma démarche pour chaque image repose sur beaucoup de questionnements. Redonner une expression au travers de symboles universels, délivrer une imagerie plus brute, plus humaine. En bout de course amener à une envie de transcender notre condition plutôt qu’à valoriser un système qui nous enferme dans le matérialisme. Voilà le but, quitte à paraître kitsch ou pas ‘’exposable’’.
Comment as-tu commencé à en faire ?
Débutée, comme c’est souvent le cas, pendant l’enfance, la photo s’est avérée utile par la suite pour mettre en valeur les groupes de post rock ou noise, dans lesquels je jouais. Il nous fallait développer un visuel pour étoffer les textes et les ambiances. Cela servait aussi à étendre notre univers. En 2012, mon principal groupe se dissout. Je garde le nom d’un de mes side projects : The Antic Staatsoper. La photo s’impose plus par dépit que par envie. Après une série de nu (faut bien commencer quelque part), j’ai donc débuté sur un malentendu en voulant faire de la peinture avec le projet Decorum. Pas de réelle prétention, juste essayer de donner du sens, apprendre à manier les pixels et leur esthétique. Depuis je continue d’exposer à l’étranger, mais beaucoup plus difficilement en France. Je travaille actuellement sur l’artwork du prochain album du groupe de folk Brother Spellbinder basé à San Francisco.
Quels sont tes sujets de prédilection ?
Les sujets sont assez variés parce que l’approche est transversale, comme la vie. Il y’a de tout : de la politique, des sciences, des corps, et tout ce qui se trouve au dessus de nous, comme au hasard, disons la spiritualité. Questionner les mécaniques de pensées et saisir l’inconscient collectif sous différents angles est donc une base dans ce travail. Parmi les autres thèmes, il y’a aussi le post et transhumanisme. La série Humans étudie ainsi la transformation des corps. L’œuvre de Cronenberg, mais aussi d’Orlan ou Genesis P Orridge ont été une vraie influence.
Quel matériel utilises-tu dans ta pratique ?
Je ne suis pas un fétichiste des appareils photo, ni de leurs performances techniques. Je combine quelques modèles/ objectif, analogiques/numériques voir même un prototype motorisé à télécommande de fabrication maison classé secret défense : la “Black Crane 2000”. Assez rigolo comme truc, mais trop bruyant. Je change d’appareil au grès des sujets, ou pour multiplier les points de vue. Le D40 a encore mon petit coup de cœur (avec le Nikon EM). Ses 6 Mpx sont optimisés au max et son coté basique (voir même à la ramasse) me font passer pour un vrai newbie (ce qui me va bien). Et puis niveau définition, à quoi bon faire des tirages en 200 x 300, nous n’aurons bientôt plus de place sur cette planète…
Qui sont tes photographes de référence ?
Les photographes ne sont pas ma première source d’inspiration. Comme je l’ai évoqué précédemment, je viens de la musique, et mon lien à l’image vient avant tout des pochettes de disques. Le label 4AD par exemple à fourni parmi les plus belles pochettes des 90’s, Red House Painters, This Mortal Coil, Pixies… Mais toutes les pochettes d’albums sont des œuvres d’art. Ensuite, ce sont les cinéastes et leurs directeurs de photo qui m’ont le plus appris à développer une idée complexe pour la présenter visuellement. Ils racontent des histoires, et apportent aussi bien un savoir que le cadre esthétique auquel il est censé se rattacher. Andrzej Zulawski jusqu’à Possession est tout simplement ahurissant. Ken Russel, Peter Greenaway, Lynch, Kubrick. La folie des films de Takashi Miike (visitor Q), Shinya Tsukamoto (Tetsuo)…
Comment as-tu découvert, connu Lense ?
Par Fisheye je crois… Cela faisait déjà un petit moment, mais je n’avais jamais pris le temps de m’y arrêter. Mais l’erreur à été réparé. Ce qui m’a poussé à m’inscrire c’est de trouver un site simple d’accès, qui plus est de culture francophone, où la censure n’a pas encore frappé.(Tumblr… Que s’est-il passé ?). Je ne savais pas non plus où mettre en ligne quelques photos de mes carnets personnels Sketchbook from my Sweetheart, the West I & II. C’est une double série de photos : moitié Lomo / moitié numérique. Hors de l’esprit de mes autres séries mais qui touchent à une autre partie de ma vie, l’entre deux, une errance personnelle aux confins du monde Occidental… Enfin, je trouvais le coté détendu entre gens initiés de bonne compagnie plutôt décomplexant, et hop me voilà.
Plus d’infos sur ce lenser :
Site
Instagram
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