Invitée au Promenades photographique de Vendôme du 22 juin au 2 septembre, la jeune photographe expose sa série revisitée Le Dos des arbres. Avec toujours beaucoup de précision, elle évoque pour nous, avec une rare disponibilité, son travail qui s’apparente à une quête intérieure sans fard. (Photo d’ouverture : © Clara Chichin)
Vous exposez Le Dos des arbres à Vendôme, aux promenades photographiques du 22 juin au 2 septembre. C’est une série que vous aviez faite lors d’une résidence à la Villa Pérochon de Niort en 2014, pourquoi remontrer cette série aujourd’hui ?
Cela vient de l’intérêt de Christine Ollier, qui est commissaire de l’exposition, pour mon travail sur les paysages et les arbres. Mais nous avons fait le choix final toutes les deux, après une première sélection d’artistes. Pour être précis, il faut dire que cette exposition a d’abord été conçue, et produite par et pour l’Abbaye Saint-Georges de Boscherville (Seine Maritime). La série réalisée à la Villa Pérochon a été comme revisitée : des images n’y sont plus, d’autres apparaissent… on peut dire que la série a été « augmentée » ! Cela m’a permis d’éditer de nouvelles images, et de me rendre compte de la permanence de l’intérêt pour le paysage qu’avait déclenché cette résidence en 2014.
Comme toujours dans votre travail, les titres, les mots en général, ont une place prépondérante. Vous accompagnez vos images d’un texte. Ce qui a été le cas en 2014. Pouvez-vous nous dire un mot du titre, Le Dos des arbres ?
Mon propos ici et ce que j’ai voulu photographier, c’est la confusion possible entre l’être humain et la nature… Comment nous pouvons nous fondre dans la nature et spécialement parmi les arbres… Pour le titre, j’ai fonctionné par analogie : la première vient d’une confusion du sujet, car j’ai photographié très souvent la jeune femme de la série de dos. Ensuite, et cela est venu pendant les prises de vue dans la forêt où beaucoup d’arbres étaient déracinés et dévoilaient leur souche… En étant couchés par terre, les arbres offraient un nouvel angle de vue dont la souche pouvait être le dos ! De plus, dans la série on voit une jeune femme de dos, ainsi le Dos des arbres, c’est aussi un écho avec le dos de cette femme.
Qui est cette jeune femme dans vos images ? Vous parlez d’empathie dans le texte qui accompagne originellement les images…
C’est une rencontre que j’ai faite lors de ma résidence à Niort. Cette femme était à un moment particulier de sa vie. J’ai vu dans le paysage confus et désolant de cette forêt comme une projection du paysage sur son intériorité. Mais il y a une double projection : la mienne comme photographe qui écrit… (et souvent avec le recul, je pense que les femmes que je photographie sont comme des autoportraits inconscients). De sorte que l’on ne sait plus très bien qui parle… d’où de nouveau cette idée de fusion. Et de mon interprétation (ma propre projection) sur son intériorisation…Comme si j’avais fait mienne son état d’esprit.
Dans un entretien que vous avez publié en novembre 2016, vous souhaitiez justement que vos images puissent vivre sans texte…
Oui, justement ! C’est le cas. La série qui est montrée à Vendôme n’a pas de texte qui l’accompagne. Ce qui m’intéresse maintenant, c’est de m’éloigner de l’aspect bibliographique justement, pour que le rapport de la nature et de l’être humain soit encore plus fort, plus fusionnel. D’ailleurs, elle n’est pas tout à fait identique. Elle a bénéficié d’un nouvel editing fait conjointement avec Christine Ollier. D’autres images d’autres séries y ont été incluses.
Christine Ollier, dans son texte de présentation, évoque « un rendu appauvri », « une usure apparente » de vos images… vous évoquez « une fadeur »… Pourquoi ce traitement de l’image ?
En fait, à Niort, cela a commencé avec un incident au labo… qui combiné avec le fait que je travaille avec des pellicules périmées, a donné ce résultat. Pour l’abbaye de Saint-Georges de Borsherville, nous n’avons pas utilisé les mêmes tirages ; la disposition des lieux ne s’y prêtant pas. Il a donc fallu retirer les images en plus grande dimension. Et dans certains cas, cela a été particulièrement difficile de retrouver de l’information à partir des films… Mais en même temps, j’aimais bien le fait qu’ainsi, la couleur devienne monochrome, et de pouvoir passer de manière simple au noir et blanc par exemple.
Mais, cela a permis autre chose aussi… Alors que d’habitude, je scanne moi-même mes films et confie mes tirages à un tireur que je connais, c’était la première fois que je confiais mes films à un labo pro (Central Dupont) ! Cela a été très pédagogique pour moi… il a apporté une cohésion au niveau de l’harmonie d’ensemble.
Et vous êtes contente du résultat ?
Oui ! Je suis même assez fière ! Je suis surtout contente d’avoir été accompagnée par Christine Ollier… Pour moi, c’est le début de quelque chose ! Car je sais qu’elle travaille à faire circuler cette exposition. Ce que moi, je n’arrivais pas à faire…
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