Dans Rebels, le livre culte du photographe Philippe Chancel, on replonge dans l’euphorie de la jeunesse française des années 1980, entre révoltes, montée de l’extrême droite et soirées parisiennes. Le livre est publié chez delpire&co. (Photo d’ouverture : © Philippe Chancel)
Le début des années 1980 fût une période de grande effervescence politique et sociale. La jeunesse était bouillonnante, entre un esprit de révolte héritage des seventies et des inquiétudes grandissantes compromettant les rêves d’avenir. Le chômage de masse est une spirale infernale, les violences contre les immigrés se multiplient, insufflées par la montée inexorable du Front National. Dans son livre devenu culte, le photographe Philippe Chancel immortalise cette jeunesse dynamique, métissée, euphorique et pourtant concernée par l’incertitude du futur.
Des clichés d’une grande puissance qui illustrent le rêve d’une autre France des années 80 opposés au pitoyable spectacle que donnait à voir les prémices d’une odieuse campagne électorale. À Paris, « le quadrilatère Nation, République, Grands boulevards, Gare de l’Est, marque leur territoire. Comme eux j’ai tout juste 20 ans. Blacks, Blancs, Beurs, belles gueules
et mines fracassées se font face » raconte Chancel. « L’histoire c’est celle des embrouilles, sur fond de sexe, de drogue, de Rockab’ et de glamour ; où l’on croise les Stray Cats jusqu’à plus d’heure aux soirées « grands boulevards » d’Albert. (…) C’est cette énergie brute que j’ai cherché à capter avec mon appareil photo, chargé à la Kodak Tri-X boostée par mon
flash. Même si parfois j’agissais avec ruse et surprise, j’ai toujours exprimé vérité et sincérité à travers mes clichés… »
Dans ce livre, qui a inspiré le film Les Rascals de Jimmy Laporal-Trésor, c’est la petite Histoire de France que nous découvrons, celle que les médias ont oublié, effacé, maltraité au profit de récits électoraux racoleurs. Le Front National démarrait son ascension qui l’a amené cette année à 42% aux élections présidentielles. « Les violences policières étaient au moins aussi prégnantes qu’en 2022, mais à cette époque on aimait avoir du style et l’assumer. »
C’est la France des Black Panthers et des Vikings que Chancel photographie, soutenu par un journaliste du fameux magazine Actuel, Pierre Hurel, son compagnon de reportage. Toute la série commence de cette volonté, raconter les luttes de ces groupes militants avec chacun ses codes bien à lui.
Dans sa série haletante, Philippe Chancel nous parle « d’une société qui sentait le vent des utopies lui caresser le visage. C’était le début de la gauche au pouvoir, on parlait de métissage, c’était la ‘France black-blanc-beur’ – la terminologie était déjà employée
même si elle a été popularisée 20 ans plus tard avec la Coupe du Monde de Football – et c’était avant que tout ça se fracasse sur les réalités du début de la mondialisation, de la montée de l’extrême droite, toutes ces considérations et ces calculs peu glorieux. »
Le livre de Philippe Chancel est disponible chez delpire&co à un prix de 60 euros.
Source : Philippe Chancel
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