Le Jeu de Paume et LE BAL organisent une exposition commune autour de l’arte povera, l’avant-garde italienne des années 1960. Entre photo, vidéo et d’autres supports novateurs, cette scène effervescente a révolutionné les codes dans l’après-guerre. Du 11 novembre au 29 janvier 2023 au Jeu de Paume. (Photo d’ouverture : Giuseppe Penone 1970, Rovesciare i propri occhi – progetto [Renverser ses yeux – projet] Photo-collage, tirage au gélatino-bromure d’argent virés au sélénium sur papier baryté, Turin, collection particulière © Archivio Penone / Adagp, Paris, 2022
Alors que l’Italie clôture le chapitre du néoréalisme, s’affirme une scène artistique nouvelle dans l’après-guerre : l’Arte povera. Ce mouvement se présente comme une ivresse, une fièvre qui rompt avec l’art du passé, et va ouvrir une brèche dans une nouvelle effervescence culturelle. De nombreuses expositions ont célébré l’éblouissante scène artistique italienne des années 1960 et 1970. Loin d’y revenir, l’exposition Renverser ses yeux a circonscrit le champ de recherche afin d’interroger la position de l’avant-garde italienne au début des années 1960 face à la prolifération de nouveaux médias.
Le point de départ de ce parcours est l’arte povera dans son acception large d’avant-garde radicale alternative à la proposition pop et iconoclaste. Ces artistes ont en commun une attitude dialectique, usant des médias comme instruments d’analyse, comme documents, comme icônes. On a souvent souligné la capacité de l’art italien de s’approprier tous types de matériaux. Il n’est donc pas étonnant, pour ces artistes à contre-courant, que les médias aient été tour à tour filtre, matière ou support. Faisant fi du modernisme et de l’académique, leurs œuvres rayonnent en une suite infinie d’échos qui peu à peu fissurent historicismes et paradigmes esthétiques.
Cette exposition donne à voir l’extraordinaire richesse d’une période où les artistes italiens se sont appropriés le pouvoir narratif de la photographie, de la vidéo et du film. Des tableaux miroirs de Michelangelo Pistoletto aux grandes photographies sur toile de Giulio Paolini ou de Giovanni Anselmo, des œuvres sur photocopie d’Alighiero Boetti aux photomatons de Franco Vaccari ou aux vidéos de performance réalisées par Luciano Giaccari, elle dressera un panorama des expérimentations visuelles des avant-gardes italiennes de la période dans le domaine de l’image.
Réponse italienne au Pop Art américain et contemporaine des travaux de la scène conceptuelle internationale, l’arte povera se voulait, selon les mots de Celant, un art simple, « une expression libre liée à la contingence, à l’événement, au présent », rapprochant l’art et la vie. Ces recherches sont, dans le même temps, profondément ancrées dans une culture et une histoire italiennes : en cela, elles aboutissent à la création de quelques-unes des œuvres les plus fécondes et les plus originales de la période, décloisonnant les genres et les disciplines.
Le titre de l’exposition « Renverser ses yeux », est une référence à l’œuvre éponyme de Giuseppe Penone, Rovesciare i propri occhi dont différentes versions sont présentes dans l’exposition.
C’est la première fois que le Jeu de Paume et LE BAL présentent une exposition thématique commune. Renverser ses yeux est une réflexion autour de l’utilisation des médias – photographie, film, vidéo – par les artistes italiens des années 1960 et du début des années 1970. Centrée autour du groupe de l’arte povera, elle s’ouvrira à divers compagnons de route du mouvement et au-delà, pour étudier la position des avant-gardes italiennes face à la photographie et à l’image en mouvement.
Du 11 novembre au 29 janvier 2023 au Jeu de Paume.
Source : Jeu de Paume
0 commentaire
Ajouter le vôtre