Dans son livre One Sun, One Shadow (disponible ici), le photographe Shane Lavalette rend hommage à la culture musicale et à l’ambiance du Sud des Etats-Unis. (Photo d’ouverture : © Shane Lavalette)
Malgré ses origines du Nord-Est des Etats-Unis, le photographe Shane Lavalette a su retranscrire la culture du Sud, cette vaste région allant du Texas à la Virginie, avec une poésie rare. Son rapport créatif avec le Sud naît en 2012 lorsque le High Museum of Art d’Atlanta lui propose de collaborer sur l’exposition Picturing the South. One Sun, One Shadow est le continuum de cette recherche, se concentrant ici sur un aspect tout à fait particulier : la musique.
Le livre est enrichi des mots du poète Tim Davis, qui retranscrit avec justesse la flamboyante atmosphère de cette région au passé douloureux. Marqué par la guerre de secession, par l’horreur de l’esclavage et les lois de ségrégation raciale, le Sud ne s’est pas encore réconcilié avec cette histoire dont les séquelles sont encore visibles, alimentées par le fantasme souverainiste de l’Amérique de Trump. C’est cette beauté tragique qui attire sans doute autant les photographes, sensibles aux contradictions et aux blessures de cette terre. Nous avions d’ailleurs retrouvé cette ambiance entre nostalgie et fantasmes chez l’artiste Rosie Block, dont nous vous avions présenté les clichés empreints de mystère, mélancolie et désillusion.
Au sein de ce monde suspendu, la musique joue un rôle clé, un exutoire aux drames encourus par cette société confrontée à ses contradictions. De la scène jazz de La Nouvelle Orléans au rap émergent d’Atlanta, en passant par la country, le blues et le rock’n’roll (dont bien-sûr Memphis, avec son roi Elvis Presley, est la capitale), le Sud regorge d’un patrimoine sonore unique au monde. Une culture qui se répercute sur les modes de vie, les styles vestimentaires, les ambiances domestiques, comme la série One Sun, One Shadow le prouve. Le livre est ainsi une merveilleuse balade dans les paysages de ces états, une marche contemplative au coeur d’une nature sauvage et évocatrice, commentée par les mots d’un poète, Tim Davis, les rendant encore plus porteurs de sens :
« Avec beaucoup de jugeote, Lavalette a décidé de ne pas se tourner vers la réalisation d’un projet sur des musiciens. Au lieu de ça, il a sondé le paysage à la recherche de l’émotion créée par la musique. En se départant des codes des ethnomusicologues et des photojournalistes, le jeune artiste du nord du pays évite de tomber dans l’écueil formulé, a priori, par Ma Rainey : ‘Les Blancs entendent le blues sortir, mais ils ne savent pas comment il est arrivé là' ».
Source : Shane Lavalette
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