La photographe iranienne Solmaz Daryani a documenté depuis 2014 la lente agonie du lac d’Ourmia, terre de son enfance meurtrie par l’irrésponsabilité humaine. (Photo d’ouverture : © Solmaz Daryani)
Solmaz Daryani est une photographe iranienne originaire de Sharafkhaneh, un port situé sur le lac d’Ourmia. Elle a vécu ici toute son enfance avec sa famille et, depuis 2014, elle documente la lente disparition de ce lac salé due à la mauvaise gestion des ressources hydriques, au rechauffement climatique et à l’absence de pluies. Aujourd’hui, le bassin ayant complètement disparu, la famille Daryani a dû déménager ailleurs. Seulement sa grand-mère y vit toujours.
Le lac en 1992 :
La famille possédait un hôtel près de la côte du lac et pendant toute sa jeunesse, Solmaz a pu contempler une étendue d’eau de plus de 5000km, celle du sixième lac salé le plus vaste au monde. En vingt ans, la moitié du bassin a disparu et les riverains ont dû réinventer leur existence, qui était jadis en grande partie liée à la géographie extraordinaire du lieu.
Le lac en 2018 :
“Mon grand-père avait nommé son hôtel Darya, qui signifie ‘mer’ en farsi.” raconte la photographe à Polka Magazine. Le déclin a commencé au début des années 2000 et a conduit à la fermeture de l’établissement en 2009. “En réalité il n’y avait plus personne depuis longtemps. Chaque année, ils préparaient les chambres, mais seules une ou deux familles venaient l’été. C’était si triste”. En 2014, devenue photographe, Solmaz a décidé de revenir sur les lieux de son enfance et de les graver dans la mémoire grâce à son objectif. Il en ressort un témoignage poignant qui pointe du doigt avec justesse et beaucoup de grâce l’impact mortifère de l’homme sur l’environnement.
Le lac d’Ourmia, situé au nord-est de l’Iran, ressemble désormais à un désert de sel et de sable. La série de Solmaz Daryani est alors empreinte d’une douce mélancolie, d’une forme de désespoir résigné : c’est un conte d’enfance triste et symbolique, touchant à notre sentiment universel de finitude, de lien avec nos origines et de peur d’un avenir où la place de l’homme sur la planète Terre serait compromise.
Source : Solmaz Daryani
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