Sophie Harris-Taylor met les pères à l’honneur dans sa série Present Fathers : un portrait sensible, complexe et joyeux de la paternité, loin des clichés virilistes et l’idée du « père absent ». Plongée dans un monde vaste et très peu exploré en photographie. (Photo d’ouverture : © Sophie Harris-Taylor)
Dans sa dernière série Present Fathers, la photographe Sophie Harris-Taylor dresse un portrait tendre, sensible et envoutant de la paternité. Son style est feutré, fait de lumières caressant des peaux de bébés, de textures douces, de couleurs charmantes. Dans ces photographies, les pères avec leurs jeunes enfants et leurs nouveaux nés irradient d’une joie nouvelle, profonde, très peu montrée en photographie : celle de la paternité.
Alors que nos imaginaires concernant l’enfance se limitent souvent à une réflexion sur la maternité, la série redonne sa juste valeur au rôle de père, en l’éloignant des clichés. Les pères sont ici des figures de soin, à l’aise avec leurs émotions, en symbiose avec leurs enfants. La photographe voulait en savoir plus sur l’expérience de la paternité et a alors demandé à son compagnon d’écrire quelque chose à ce sujet. Puis le projet photographique s’est étendu.
De nos jours, on parle beaucoup des pères absents, fait remarquer le compagnon de Sophie. Admiratif face à tout ce que sa compagne peut mettre en œuvre et reconnaissant pour l’immense bonheur qu’elle lui a apporté, il souligne que l’être papa est bien plus complexe que de réclamer héroïquement avoir changé une couche par ci par là. Le rapport à l’accouchement, à l’entrée dans le couple d’un élément tiers, ne fut pas un moment facile et en toute honnêteté, il reconnaît avoir eu du mal à trouver ses marques.
« Sophie, dans sa gentillesse a remarqué, plus que je ne l’ai jamais fait, que j’étais absent aux yeux des autres. Les aides-soignants, les amis et la famille se sont extasiés sur notre fils et se sont enquis de la santé de Sophie. A juste titre, après la dureté physique de ce qu’elle a vécu et de ce qu’elle vit encore. Je ne pouvais que me tenir à l’écart, sourire et débiter des clichés sur les nuits insomniaques et les changements de couche à répétition » dit-il.
« Aujourd’hui, rien ne m’apporte plus de joie, de satisfaction ou d’espoir que mon fils. Et cela grandit chaque jour. Donc, quand Sophie a dit qu’elle allait commençait cette série, j’ai été flatté. Et le fait d’être reconnue de cette façon était incroyablement positif. Donc, j’espère qu’à travers cette série les nouveaux pères, les anciens pères, les futurs pères, ou celles et ceux qui aiment les pères, verront quelque chose qu’ils reconnaissent aussi. »
Dan, Stuart, John : chacun de ces hommes a vécu ce moment bouleversant de manière différente. Le confinement bien sûr influence certaines de ces expériences, comme celle de Stuart : « J’essaie de m’assurer que ma partenaire et Poppy sont toutes les deux bien et heureuses. Elles ont toutes les deux besoin de leurs propres méthodes de gestion et d’attention ! L’enfermement à la maison dans un appartement d’un lit a eu ses difficultés en termes d’espace (mental et physique !) Je dirige également ma propre entreprise qui a ses propres stress, et avoir un bébé qui pleure autour de moi n’aide pas vraiment à mon rendement au travail ! »
Tiago raconte que la paternité l’a aidé à réaliser « à quel point on apprend à connaître, à se connecter et à s’attacher à Lark (son fils, ndlr). Ce n’est qu’après être devenu père que j’ai compris beaucoup de choses que ma mère a faites pour moi. »
En travaillant avec ces néo-papa, la photographe a compris à quel point l’approche centrée sur la maman et son bébé peut être néfaste dans l’intimité comme en société, pour les femmes et pour les hommes. A travers cette série, elle compte bien remettre les compteurs à zéro, aider les pères à se forger une nouvelle image d’eux-mêmes, les conseiller pendant cette période significative de leur vie. Les témoignages se terminent avec une phrase très explicative qui résume bien l’intention du projet : « le désapprentissage est plus difficile qu’il n’y paraît, mais nous devons opérer un changement si nous voulons que nos enfants grandissent différemment et aillent plus loin. »
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Source : Sophie Harris-Taylor
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