Tish Murtha : plongée au cœur de la crise britannique

Du 15 juin au 14 octobre, la Photographers’ Gallery de Londres met à l’honneur les travaux de Tish Murtha grâce à l’exposition Tish Murtha: Works 1976 – 1991. (Photo d’ouverture : Elswick Kids – © Tish Murtha)

Avec l’exposition Tish Murtha: Works 1976 – 1991, Photographers’ Gallery de Londres nous plonge au cœur d’un moment historique crucial, pendant lequel la Grande Bretagne, en perte de repères sociaux, affrontait une crise économique et sociale aux échos étrangement contemporains. La décadence et les conditions de misère sont perceptibles dans les clichés de Murtha, qui loin de dresser un portrait voyeur et dramatisant, pose un regard doux et franc sur ces rues délabrées.

L’exposition met en avant plusieurs séries majeures, dont les tirages comprennent des vintages et des plus récents : Newport Pub (1976/78); Elswick Kids (1978); Juvenile Jazz Bands (1979); Youth Unemployment (1980); London by Night (1983) et Elswick Revisited (1987 – 1991). Le parcours inclut également des documents pédagogiques d’une grande valeur journalistique, tels que les lettres et les notes de Murtha.

C’est à l’âge de 2O ans que la jeune photographe commence à s’intéresser à la photographie, en fréquentant la prestigieuse école de photographie documentaire du Newport College, après avoir quitté son village natal, Newcastle upon Tyne. Ici, elle devient la protégée du reporter Magnum David Hurn. Pendant cette période, la jeune apprentie se consacre à la photo de rue, en immortalisant les habitués du pub ‘The New Found Out’, à Newcastle. Elle éprouve un véritable sens du devoir vis-à-vis de ces personnes ayant fait le paysage social de son enfance, si symboliques du désarroi d’un pays face à la modernité.

La série Elwick Kids est successive et s’intéresse, encore une fois, aux rues dans lesquelles la photographe a passé son enfance. Ce sont des images saisissantes celles qu’illustrent ces gamins courir et s’amuser dans un scénario urbain plutôt sombre, illuminé par leurs sourires et leurs expressions naïves. Une preuve de plus de la délicatesse de cette reporter et artiste.

Dans Juvenile Jazz Band, c’est encore la jeunesse qui est mise à l’honneur à travers la tradition communautaire des fanfares. Pour finir, il ne pouvait pas manquer le regard attendrissant et pourtant poignant sur ces jeunes laissés au chômage, errant dans les rues l’air songeur. Ces photographies restent iconiques et fondamentales dans la carrière de Murtha comme documentariste : vraies, désarmantes, contestataires, elles ont forgé l’imaginaire d’une Grande Bretagne en détresse et joué un rôle important dans la prise de décisions politiques par la suite.

Une exposition à découvrir jusqu’au 8 octobre à la Photographers’ Gallery.

Source : The Photographers’ Gallery