Plus qu’une dizaine de jours pour découvrir, au Bal, l’expo Topographies de la guerre – pour marquer la première année d’existence de ce lieu désormais incontournable, qui se définit comme un centre consacré à l' »image-document ».
Récemment, on évoquait les dessous du photojournalisme et du reportage de guerre. Ici, pas d’affrontements sanglants, pas d’images choc, pas de cadavres : rien que des espaces géographiques vides, presque désincarnés.
Jo Ratcliffe, On the Road to Cuito Carnavale
Il s’agit, pour les 10 photographes et artistes réunis pour l’occasion, de proposer « une lecture de la guerre par sa géographie » et de montrer des territoires portant les stigmates des conflits. Ainsi, l’italienne Paola de Pietri s’est intéressée aux marques de la Première Guerre mondiale dans les Alpes, et semble substituer les contusions du paysage aux blessures humaines.
Les photos et vidéos exposées dans la deuxième section interrogent plus particulièrement l’utilisation, dans le domaine stratégique, des simulations en tous genres. An My-Lê a photographié le camp d’entrainement américain 29 Palms, conçu par des techniciens d’Hollywood et qui se veut l’exacte reproduction des futurs lieux de combat…
Le point sensible de l’expo est sans aucun doute la vidéo Collateral Murder, diffusée par Wikileaks (dont la version courte atteint les 12 millions de vues sur Youtube) – et qui fut d’abord classée secret défense. Elle montre une bavure de l’armée américaine bombardant Bagdad et mitraillant une dizaine de personnes au passage. Le plus choquant? Les commentaires en live des soldats, qui semblent agir comme des « cyber addicts » et prennent les victimes pour des cibles de jeux vidéos.
Photogramme extrait de la vidéo Collateral Murder
Finalement, en désincarnant les images de conflit, cette expo questionne aussi la censure exercée par les Etats-Majors, et la quasi-impossibilité pour les reporters de guerre d’agir librement sur le terrain.
« Le territoire de la guerre est-il en train de devenir une donnée abstraite, une construction idéologique, une donnée irreprésentable? »
2 commentaires
Ajouter le vôtreBordel, la vidéo fait mal à voir. :/
Vais peut être faire un tour à l’expo moi c’t’aprem.
Expo hyper intéressante.
Je ne savais pas à quoi m’attendre. J’ai été très surprise par ces images de guerre ultra fortes et pas habituelles qui questionnent.
Le taf de Walid Raad « Let’s Be Honest, the Weather Helped » est, entre autre, saisissant!
Merci pour l’article