Une rétrospective de Jerry Schatzberg au Domaine de Chamarande

Du 27 mai au 1er septembre, au Domaine de Chamarande, une rétrospective rend hommage au photographe Jerry Schatzberg. (Photo d’ouverture : © Jerry Schatzberg)

Le photographe Jerry Schatzberg, qui aujourd’hui a presque 91 ans, fut un personnage clé de la scène artistique émergente new-yorkaise dans les 70ies et les 80ies. Aujourd’hui, le Domaine de Chamarande, en Essonne, lui consacre une rétrospective du 27 mai au 1er septembre. Cet enfant du Bronx a passé son enfance dans les faubourgs de New York, ce qui a profondement affecté son esthétique, au point de mériter le surnom « the kid from the Bronx ». Son approche est brute et sincère, dépourvue de fioritures, en inaugurant un style de photographie de rue tout à fait américain.

C’est son voisinage qui l’inspire. Des scène de la vie quotidienne qui ne cherchent aucune beauté : simplement, elles retranscrivent la réalité telle qu’elle se présente à l’objectif du photographe. Cette force d’impact fait qu’aujourd’hui beaucoup de ses clichés, comme ceux des Rolling Stones en drag, sont devenus inconiques. Il en est de même pour l’un de ses films, The Scarecrow, qui a remporté le Grand Prix à Cannes en 1973, en le consacrant l’un des artistes phare de sa génération. Le cliché de Bob Dylan se cachant le visage lors d’une répetition est l’emblème de ce que Schatzberg recherche en photographie : un moment d’intimité loin des spots de lumière, un instant privilégié, légèrement voyeuriste, avec un personnage hors du commun. Ce portrait dévoile le musicien encore mieux que si son visage était visible.

Dans les années 1960 il était déjà reconnu pour son travail dans des magazines de mode tels que Vogue, Esquire ou Glamour, qui regorgeaient de talents pendant ces années d’ébullition artistique. Son oeil humaniste et sensible à la psychologie profonde de ses modèles, le conduit à immortaliser de manière tout à fait inédite des personnages du calibre des Stones, Jimmy Hendrix, Sharon Tate et Fidel Castro. C’est à l’âge de 40 ans qu’il approche le septième art, toujours avec ce goût prononcé pour l’authenticité et le dépouillement. Il ne cherche pas à sublimer, à magnifier ce qu’il voit, mais plutôt à montrer les choses telles qu’elles sont, des diamants bruts dont la beauté est contrastée et simple à la fois. Il cherche le beau comme il le voit, comme il le sent.

Le Domaine de Chamarande lui consacre une monographie exceptionnelle, l’occasion de plonger dans l’univers de ce photographe hors du commun qui a su imprimer sur papier l’esprit de liberté et de bouillonnement intellectuel d’une génération.

Source : Domaine de Chamarande