Inspirations

Vincent Rosenblatt : plongée dans le baile funk brésilien

Il y a 2 ans Par Costanza Spina

La Galerie du Passage présente Fever, une exposition de Vincent Rosenblatt, le photographe qui a immortalisé le Rio Baile Funk, le « rap des favelas ». Une rétrospective qui rend hommage à cet art collectif et émancipateur. (Photo d’ouverture : Ezequias – Funk Body#051 – © Vincent Rosenblatt)

Du mercredi 1er juin au vendredi 29 juillet, la Galerie du Passage à Paris accueille une exposition du photographe Vincent Rosenblatt, Fever, qui revient en 75 clichés sur la carrière de l’artiste. Rosenblatt a parcouru le Brésil en long et en large : c’est son travail sur les cultures urbaines de Rio de Janeiro qu’il nous donne à voir dans cette sélection ainsi que ses travaux sur la région de Belém do Pará, en Amazonie. C’est aussi le lancement en France de son premier livre de photographies : Rio Baile Funk, 200 pages, 17×23 cm, édité par LP Press au Brésil – thème de sa série principale.

Pierre Passebon, collectionneur passionné d’images, a acquis plusieurs photographies de cette série. Certaines sont publiées dans le livre Obsession Masculin, que Pierre Passebon vient de lancer aux Editions Flammarion. Rosenblatt, parallèlement à son travail de photojournaliste, documente depuis 2005 la scène underground des Bailes Funk : le Carnaval méconnu de la zone nord de Rio et la culture périphérique des métropoles brésiliennes, comme à Belém do Pará avec la scène de la Tecnobrega. Autant de séries qui seront mises à l’honneur lors de cette exposition.

« Depuis 2005, je dédie beaucoup de nuits aux bailes, au corps à corps avec les funkeiros. Je tente de préserver la mémoire fragile de ces rencontres, de dépeindre l’énergie, les gestes et les désirs d’une certaine jeunesse de Rio de Janeiro, du début du 21e siècle », raconte le photographe. Ainsi, DJs et danseurs l’ont emmené toujours plus loin dans leurs favelas, découvrir le cœur pulsant de cette scène artistique qui défie en permanence la bienséance sociale. « Le funk carioca est un kaléidoscope de rythmes, de rituels, de territoires et d’identités. Mon travail tente de rendre compte des mouvements collectifs, des élans individuels et des détails corporels : les corps des funkeiros comme autant de manifestes de liberté » continue-t-il.

Dans la série Bate-Bola Rio, Carnaval Secret, le photographe suit les batebola, ces gangs de clowns, improbables croisements entre Arlequin, poupée de chiffon, créatures hybrides de manga japonais, de films hollywoodiens et de guerriers africains qui terrorisent et font les délices des passants dans les favelas et périphéries de Rio de Janeiro, de la Zone Nord à la Zone Ouest. Cette tradition aux origines franco-brésiliennes voit des gangs différents se confronter à coup de juxtapositions audacieuses de couleurs et de tissus.

Tecnobrega #093 Tupinambá, Belém do Pará, 2016 © Vincent Rosenblatt

Enfin, dans Tecnobrega, Vincent Rosenblatt suit documente le culte des machines à son dans la région amazonienne. Des idoles de lumières led, de lasers et feux d’artifices, des DJ’s adulés comme des popstars internationales : les aparelhagens, des machines montées par leurs DJs, font danser des dizaines de milliers de jeunes amazoniens de l’état brésilien du Pará, dont Belém est la capitale.

Vivant actuellement au Brésil, ce photographe est l’un des plus fidèles retranscripteurs de la scène baile brésilienne. Ayant travaillé pour des médias prestigieux comme le New York Times, National Geographic, M Le Monde, GEO et exposé partout dans le monde, y compris dans une prestigieuse exposition à la Maison Européenne de la Photographie, Vincent Rosenblatt présente désormais le travail de toute une vie à la Gallerie du Passage à Paris.