Nous en avions parlé récemment avec la série Watchers d’Olivier Culmann: l’excellent collectif Tendance Floue fête aujourd’hui ses vingt ans.
A cette occasion, plusieurs événements sont organisés et le travail remarquable de ce groupe de photographes indépendants et engagés se trouve enfin justement médiatisé. Profitons-en donc pour partager quelques unes de leurs images et découvrir comment, depuis 1991, un petit groupe de passionnés utopistes dresse le portrait du monde qui nous entoure, en se battant pour la liberté de voir.
Tendance Floue regroupait au départ cinq photographes, ils sont aujourd’hui quatorze.
Refusant les règles des agences, revendiquant leur indépendance dans le choix des sujets traités, leur autonomie individuelle au sein du groupe et voulent conserver la totale maîtrise de leurs images, ils se sont structurés en collectif.
Chacun son style, ses thèmes de prédilection, ses méthodes, ses préférences quant au matériel (plusieurs travaillent toujours à l’argentique) mais invariablement, ils se réunissent tous les mercredis, depuis 20 ans, pour se montrer leurs travaux, les discuter, les critiquer, se remettre en question, et chercher comment avancer ensemble.
Certains portfolios individuels sont tout à fait superbes, mais c’est dans l’énergie du groupe que Tendance Floue tire sa force, en témoignent leurs archives photos d’une richesse et d’une variété vertigineuse.
De l’Afrique aux Balkans, de paysages calmes après tempête aux rangs de militaires chinois, d’ombres perdues dans les arbres aux corps nus de soirées échangistes, des manifestations, des portraits, des friches, des détails figuratifs ou des événements planétaires…
Une matière neuve naît de la mise en commun et l’ensemble forme un tout étrangement cohérent, un état des lieux de notre époque et de ses diversités.
Un seul regard serait trop subjectif pour représenter le monde mais quatorze paires d’yeux réunies peuvent créer un kaléidoscope suffisamment vaste . Pour preuve, feuilletez les ouvrages collectifs auto-édités par Tendance Floue, notamment les séries Mad in, qui regroupent leurs images prises en Inde, en Chine et en France.
Mais outre leur fonctionnement particulier de partage et de collectivisation, ce qui caractérise le travail de TF, c’est de ne pas être du photojournaliste. C’est davantage un regard d’auteur sur le monde. Dans chaque image il y a une sorte de mise en fiction visible.
Cette façon de montrer les choses avec un léger décalage prête parfois à sourire et c’est grâce à cette distance que le spectateur devient actif. La mise en scène nous questionne et Tendance Floue a l’intelligence de ne pas imposer de réponses.
Pour en découvrir davantage: rendez-vous à Sète du 2 au 19 juin, au festival Image Singulière où le collectif TF investira l’espace pour créer une exposition en direct et en public.
Et aussi: Patrick Tourneboeuf est exposé jusqu’au 26 septembre à la Cité de la Céramique, à Sèvres
Les Watchers de O. Culmann sont jusqu’au 11 juin au Pavillon-Carré de Baudouin, à Paris
Et le livre Tendance Floue/Douze par un vient de sortir chez Actes Sud.
Et bien sûr un tour sur le site de Tendance Floue, pour découvrir portfolios, projets et présentations des photographes.
4 commentaires
Ajouter le vôtreTendance floue, c’est quand même le top du collectif photo…
Intéressant, j’aime bien la photo N&B ou certaines femmes sautent!
Par contre dans le deuxième paragraphe « voulent » serait plutôt « voulant ».
HDT** comme dirait un ami !
** Hors du Temps
Je crois que j’en avais déjà vu certaines mais c’est toujours sympa de découvrir les oeuvres de photographes qui essaient d’apporter quelque chose à ce monde.